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Livre posé au bord de la disparition, Éternité à coudre se déploie comme une parole rituelle, un exorcisme. Penché sur le néant, cherchant un abri dans les mots et les corps, quelque chose de l'ordre de la permanence du monde dans les cendres, dans les noms brûlés, les noms mâchés.
Poème hanté par la présence d'une folie individuelle, intime, qui se déporte sur le collectif, envahit la communauté de nos angoisses, de nos peurs. Debout sur la rive, dans un geste de coudre nos éternités et nos solitudes, que regardons-nous ainsi à la dérive ? Une tache du monde, un incendie. La mécanique folle des jours, le sang des jours, on emplit l'éternité dans des sacs, dans les sacs pleins de l'histoire. Trop lourds à porter.
Qui pèsent sur nous et nous essayons malgré tout d'arracher quelque chose du monde ou du langage.
Avec quels mots passer dans les ombres ? Quels mots pour nous rapprocher de la consolation de l'autre, au milieu des larmes. Esther Tellermann, dans une oscillation permanente entre nos intimités noires et nos accès de clarté, livre un poème en forme de mélopée, "moitié caillou, moitié prière".
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