"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Sans se laisser prendre à rêver que l'herbe serait toujours plus verte ailleurs, il est des lieux et des contextes pour s'enrichir. S'enrichir... voilà pourtant un mot peu adéquat pour décrire l'acquisition de connaissances. Il ne s'agit pas d'accumuler une fortune de savoirs, mais au contraire de se délester. Dans L'Usage du Monde, Nicolas Bouvier disait : «La vertu d'un voyage, c'est purger la vie avant de la garnir ». Il prolongeait sa pensée dans Le Poisson Scorpion : « On ne voyage pas pour se garnir d'exotisme et d'anecdotes comme un sapin de Noël, mais pour que la route vous plume, vous rince, vous essore, vous rende comme ces serviettes élimées par les lessives qu'on vous tend avec un éclat de savon dans les bordels. » Voyage et design auraient ceci en commun de savoir qu'ils gagnent à s'alléger du superflu : less is more. L'ailleurs c'est aussi l'autre, tenter de le comprendre. La pensée s'expulse vers l'avant pour saisir ce qui est extérieur à soi. Les congrès internationaux fournissent ce genre d'occasion. Celui de l'Alliance Graphique Internationale qui s'est déroulé à Paris en octobre permettait d'aller à la rencontre de nombreux coins du monde. A travers leurs conférences sur le thème des frontières, les graphistes du vieux continent, d'Asie ou d'Amérique Latine nous offraient à voir des cultures et des expressions différentes et par là même levaient les limites des nations. Une bouffée d'oxygène, alors que l'actualité des derniers mois atteste chaque jour un peu plus des replis nationalistes dans le monde. Il y a eu le Brexit, le retrait des États Unis des accords internationaux sur le climat, le référendum pour l'indépendance de la Catalogne, la victoire des nationalistes aux élections territoriales de Corse... Le design graphique a t'il vocation à ouvrir les esprits ? Les images sont-t-elles susceptibles de franchir les frontières ? Au delà des barrières du langage, leur potentiel est immense, il n'est qu'à considérer l'impact et la propagation des images sur internet. Ce congrès nous rappelle une chose : à celui qui maitrise l'image et qui s'intéresse à son mode, s'offre une nouvelle Babel.
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