"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
INTENTION ET QUE NOS COeURS SE BATTENT...Valentine CohenDu théâtre dans le théâtre, de la vie dans la vie, la migration traverse les frontières établies. Par ce texte, je veux donner à entendre ce qui m'apparaît comme une nécessité : que la poétique de l'humain reprenne sa souveraineté. L'histoire de ce groupe de jeunes faisant un projet de mobilité européenne et dont les rencontres avec l'autre nous entraînent dans une mise en abîme des questions et des destins, tisse la trame de notre destin collectif et donne voix au singulier pluriel de notre être au monde.Les « histoires de migrants » ne sont pas une mode. Elles cognent simplement à tous les étages de la société. De l'être humain. À tous les étages. Condamnés. Barricadés. Interdits.Travaillant souvent avec des jeunes de tout horizon, je constate les dégâts. Les séparations, les ignorances, les radicalisations, les conforts intellectuels de l'entre-soi. Un groupe de jeunes d'un lycée « bourgeois » ; peu de diversité ; sociale et culturelle ; ceux de cette rive pourraient être interchangeables ; leurs différences ne sont pas encore assez fortes, conscientes, pour rompre le contrat d'auto-protection de nos privilèges. Il semble que leurs contradictions soient bien loties, fassent partie de la cohérence de leur monde encore préservé, mais pourcombien de temps ? De mois ? De semaines ? Au regard du morcellement du monde, rencontré sur leur chemin avec :Celui qui arrive ; le grand Autre qui ressemble, a le même âge, la même tendresse pour le vivant, et secoue les représentations du monde ; fait bouger les lignes par sa seule présence.La solidarité amoureuse est le plus court chemin d'une pensée à une autre.L'amour transporte. Fait faire le voyage. Changeant la donne, il induit la nécessité. On passe de la fascination à la volonté de comprendre l'autre, l'accueillir dans son propre monde intérieur.Cette superposition de la géographie affective, je voudrais la traduire par un glissement de terrains des uns et des autres. Que les voyages extérieurs (France-Allemagne. Syrie-France) se superposent avec les voyages intérieurs (Qui suis-je ? Qui es-tu ? Qui est-il ? De quoi sommes-nous faits ?) Les questions des uns se calquent sur celles des autres et se rejoignent dans un besoin essentiel de sens. La question aimante ces êtres jeunes, en devenir, fédère un mouvement qui dépasse l'envie individuelle ; chacun arrive à se défier d'une « identité » qui serait comme la justification de son égoïsme indifférent ; le « je » non plus comme un in-dividu, une conscience indivisible, mais au contraire comme un produit humain de masse, servant des intérêts qui ne le concernent plus.Via la beauté de l'adolescence dans ce qu'elle est souvent le moment de la recherche du sens, les idées complexes peuvent peut-être être entendues ; c'est cela que j'essaie de chercher au plus près.Mes tentatives ont été faites avec des temps d'essai au plateau avec un groupe d'adolescents. J'ai vu que cet
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