"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C'est bien le récit d'une quête - sur fond de refoulement permanent - que Buñuel retrace en une heure et demie, Séverine cherchant à retrouver la « souillure originelle » là où beaucoup d'autres - hommes et femmes - passent plutôt leur existence entière à tenter de retrouver l'innocence perdue. Recherche nécessairement vouée à l'échec, « l'Autre » (le client, interchangeable malgré la multiplicité des profils et des perversions) se trouvant lui-même, presque par définition, confronté à l'unicité de ses propres fantasmes. Lorsque après moult déceptions, Marcel-Clémenti apporte à Séverine la révélation tant attendue, c'est au prix d'un amour inconditionnel mais destructeur (il y laissera la vie et Pierre, ses yeux et ses jambes) dans lequel sombreront les dernières illusions de la jeune femme. Trente-six ans auparavant, Buñuel tournait le très subversif L'Âge d'or, manifeste surréaliste s'il en fût, et, ce faisant, semblait s'approprier l'aphorisme de Breton selon lequel la beauté serait convulsive ou ne serait pas. Une vie d'homme et trente films plus tard, la beauté n'est plus qu'un leurre glacé, éventuellement bon à tartiner de boue, tel le visage magnifié - façade rassurante et trompeuse - de Catherine Deneuve (cela vaut aussi pour Jean Sorel), et que seule la perversité conjuguée des anges noirs du film, Anaïs, Marcel et Husson, parviendra, non sans mal, à faire voler en éclats.
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