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Alors, depuis vingt ans, oui vingt ans déjà, tout le monde me croit concertiste. Bien sûr pour donner le change, je travaille mon piano plusieurs heures par jour. Je vois des maîtres pour me perfectionner en vue des concerts, je fais des « Master classes », des stages. Je fais tout ce qu'il faut pour que personne n'ait le moindre doute à ce sujet. Et comme je suis vraiment passionné par le piano, enragé même, je n'ai pas vraiment beaucoup de mal à convaincre ceux qui ne demandent qu'à me croire. Pour le commun des mortels, une Étude de Chopin, c'est une Étude de Chopin. Basta. J'en interprète quelques-unes à ma façon, et mon béotien ne se pose aucune question. Pour lui je suis un véritable artiste. C'est un odieux mensonge. La vérité, c'est que pour gagner ma vie j'exerce une profession parallèle. Un métier qui lui aussi demande beaucoup de doigté, surtout en public. Je vous ai prévenu. J'ai un côté obscur.
Roman noir fort intéressant , l'écriture est agréable , fluide ...le personnage de Constance touchant , ... et la plongée dans le milieu de la musique
François est pianiste-concertiste depuis vingt ans. Recalé à l’examen d’entrée de Sciences Po, il s’est rabattu sur le Conservatoire de Musique mais a abandonné juste avant d’obtenir son diplôme. Cela ne l’a pas empêché de mener une double carrière. Il se produit un peu partout sur la planète et rencontre un certain succès. Mais il a également une face cachée, celle de tueur à gages pour le compte d’une multinationale du crime, la All Media Company, spécialisée dans l’élimination d’artistes en fin de carrière. Mais un jour, François s’aperçoit avec horreur que sa main droite est en train de le lâcher et qu’il ne va bientôt plus pouvoir s’en servir pour jouer de son instrument adoré.
Beaucoup plus qu’un simple roman noir, « En blanc et noir » est également un roman psychologique quasi psychanalytique, un conte philosophique voire une allégorie. Les multiples lectures que l’on peut faire des tribulations de François sont l’un des charmes de ce livre si passionnant qu’il est difficile de ne pas le lire d’une seule traite. Reprise intelligente et originale du thème de « Dr Jekyll et Mister Hide », l’intrigue est fort bien menée. Les personnages inspirent des sentiments paradoxaux. Celui de François, à priori déplaisant, est si pétri d’humanité qu’on ne peut s’empêcher d’éprouver de l'empathie à son égard. Et que dire de celui de Constance Gladys, la pianiste amie des loups, décalque évidente de la sublime Hélène Grimaud, personnage féminin complexe et malheureux, autre métaphore de la solitude de l’artiste ? J’avais beaucoup aimé « La Fosse aux louves », l’autre roman de Bertrand Carette. Celui-ci confirme magnifiquement ma première impression. Un talent littéraire évident. Une plume magnifique. Un style fluide, rythmé, agréable à lire. Des intrigues parfaitement ficelées. Des situations qui donnent à réfléchir. Ne manquez surtout pas cet ouvrage passionnant sur le monde méconnu des pianistes vu avec humour et sensibilité.
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