"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« En matière de polar berlinois, Philip Kerr faisait jusque-là figure de référence. Il faudra désormais aussi compter sur Harald Gilbers. » Historia Stopper les projets nucléaires des nazis :
Le nouveau défi du commissaire Oppenheimer.
Berlin, fin avril 1945. Le Troisième Reich vit ses dernières heures. Le commissaire Oppenheimer et sa femme Lisa se terrent dans le sous-sol d'une brasserie en attendant la capitulation. C'est leur ami et néanmoins truand Ed qui les y cache. Mais le chaos de la défaite ne les épargne pas. Le couple est séparé, et Lisa, violée.
Alors qu'Oppenheimer traque un débiteur pour le compte de Ed, il tombe sur des documents concernant le violeur de sa femme, le déserteur russe Grigoriev, et découvre qu'il n'est pas le seul à en vouloir à cet homme mystérieux. Grigoriev, qui s'est emparé d'une valise au contenu gardé secret et passée en contrebande par un certain Roski, est en effet l'objet d'une traque sans merci. Il s'agit de mettre la main sur du matériel primordial aux projets nucléaires des nazis...
Une intrigue remarquablement construite et documentée, qui met en scène la défaite allemande de l'intérieur.
Avril 1945, Berlin va tomber, les russes arrivent et rien ni personne ne les arrêtera. Ils sont précédés de rumeurs terrifiantes, qui font particulièrement peur aux femmes allemandes. Oppenheimer et sa femme Lisa sont terrés dans la cave d’une brasserie, ils ne peuvent quasiment plus sortir, ils n’ont pas grand-chose à boire et peu de choses à manger. C’est le chaos à l’extérieur et la seule chose qu’ils attendent, c’est la capitulation de l’Allemagne. Ils vont temporairement avoir un compagnon d’infortune, un allemand qui trimballe partout une valise. L’arrivée des soviétiques est imminente, et le colocataire est assassiné lors d’une sortie hasardeuse par un soldat déserteur. Voilà Richard et Lisa en possession d’une valise fermée et ils sont très loin d’imaginer que l’avenir du monde dépend de ce qui est caché à l’intérieur.
Le troisième volet des aventures de Richard Oppenheimer, « Derniers Jours à Berlin » prends directement la suite du tome précédent « Les fils d’Odin ». Le récit reprends pile où l’intrigue avait laissé Richard et Lisa (sans abris, sans ressources, sans rien), et leur amie Hilde (dans une prison du Reich, sur le point d’être exécutée). C’est une saga à impérativement lire dans l’ordre et sans laisser top de temps entre les livres. Toute la première partie du récit de ce troisième volet n’est en définitive qu’une sorte de roman survivaliste. Pendant toute cette première partie, il n’est question pour les personnages principaux de survivre, la véritable intrigue « policière » ne pourra débuter que lorsque les soviétiques auront envahis Berlin. A ce moment là le couple est séparé, Oppenheimer est embarqué par un colonel russe et Lisa est violée par un soldat déserteur de l’Armée Rouge. Le sort de tout le reste du roman est déterminé par ces quelques chapitres, qui interviennent au bout d’un tiers du livre environ. Au centre de cette intrigue, une mystérieuse valise tombée aux mains du violeur de Lisa, et comme tout le monde veut absolument cette valise, et qu’Oppenheimer veut venger le viol de sa femme, cela embarque l’ancien commissaire de la police de Berlin dans une traque sans merci. Naviguant entre les soviétiques et les alliés (qui ne sont plus très loin de la ville), Oppenheimer ne cherche qu’à se venger, il ne mesure pas ce qui se joue avec cette fameuse valise. Chaque chapitre débute par un compte à rebours qui compte les jours jusqu’à la fin de la Guerre, et le livre se termine avec le compte à rebours, donc en aout 1945. Même si l’intrigue est complexe, même si, lorsque les soviétiques débarquent, le nombre des protagonistes augmentent subitement, on réussi à garder le fil de l’intrigue sans trop de difficultés. Harald Guilbert ne dépeint pas l’Armée Rouge comme un ensemble monolithique de soldats assoiffés de vodka et de viols, comme cela a souvent été fait. C’est une réalité historique et évidemment un bon nombre des personnages russes se comportent ainsi. Mais pas tout, il y a chez ces russes des communistes convaincus, des ukrainiens réfractaires au pouvoir de Moscou, des pauvres types surtout intéressés par faire du marché noir, des petits gars qui tombe naïvement amoureux de jolies allemandes et n’ont aucune envie de les violenter (et qui peuvent même chercher à les protéger), des gradés qui essaient d’empêcher les exactions, d’autres qui les couvrent sans y accorder de l’importance, etc… Oppenheimer, encore plus que dans les deux tomes précédents, se retrouve par hasard au croisement de son histoire personnelle et de la Grande Histoire. Il ne le sait pas, il ne s’en rendra réellement compte que dans l’épilogue du livre, mais le petit commissaire juif de Berlin dévasté, en cherchant le violeur de son épouse, est devenu un pion dans l’ébauche d’une nouvelle guerre qui se profile, la Guerre Froide. Berlin n’est pas encore totalement libéré qu’elle a déjà commencé. « Derniers Jours à Berlin » est le roman charnière entre deux guerres, celle qui se termine, celle qui a déjà commencé.
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