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« Aujourd'hui, je change de focale, j'élargis le point de vue et je plane, plafond arraché, au-dessus de l'appartement. J'observe cette famille bourgeoise catholique de quatre enfants, logée dans un grand ensemble des années soixante. Le père est cadre dans une entreprise industrielle internationale, qui raffine du pétrole. La mère ne travaille pas. Elle n'a pas fait d'études, juste son bac obtenu par effraction. Elle veut des enfants. C'est la raison d'être des femmes de cette époque. Ceux-ci sont beaux, bien élevés, en bonne santé. Il n'y a pas de chômage. Les industries sont fortes. La France s'enrichit. C'est l'époque bénie des trente glorieuses. »
Un lundi matin de janvier 1964, le vernis craque. Sans préavis, l'inavouable surgit et révèle les zones d'ombres de cette famille modèle.
Dans son récit, Anne Richet raconte l'histoire de ses deux parents, entre 1962 et 1972. Le regard distancié qu'elle porte sur le tabou de la maladie psychique, sur l'organisation du travail et des rapports hiérarchiques dans une cité industrielle vouée au pétrole donne à son texte une dimension qui va au-delà de préoccupations intimes, consistant à interroger une époque trop souvent idéalisée.
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