"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un ami déclaré mort dont on n'a pas retrouvé le corps, un " accident " entre deux vieux loups de mer qui va révéler les secrets de l'île d'Ouessant, secrets que l'on croyait oubliés depuis des lustres. Des personnages intrigants et touchants, des caractères bien trempés, une ballade insulaire. Un guide du routard à la mode polar. Mandoline va vivre de drôles d'aventures sur ce bout de terre du Finistère au milieu des flots...Tout comme ses amis restés sur le continent.
Stéphane Pajot, tout en musique nous fait visiter sa Bretagne, s'inspirant de ses proches, des lieux qu'il fréquente. De l'humour, de l'histoire, la petite et la grande, un sympathique cocktail pour l'Embaumeur à consommer en ce début d'été ! "Le quart d'heure armoricain".
Luc Mandoline, ancien légionnaire, s'est reconverti dans la thanatopraxie, il répare les outrages laissés par la mort sur les corps de ses victimes. Ayant gardé de son ancien métier une tendance à la bougeotte, il n'effectue que des remplacements de collègues partis en vacances. Un jour il est appelé à Ouessant par la mère d'un des ses amis récemment disparu en mer à la barre de son bateau dans des circonstances obscures. Luc décide d'y aller en hommage à son ami bien que se sentant inutile car ne disposant pas de corps à préparer.
En arrivant à Ouessant, notre embaumeur est témoin d'une prise de bec entre deux vieillards qui se termine par un drame, l'un des deux meurt accidentellement, poussé par le premier. Luc s'installe sur l'île où suite à la mort du vieillard les événements étranges et violents se succèdent ayant tous un rapport avec la deuxième guerre mondiale. Luc intrigué va chercher à comprendre ce qui se passe.
Deadline à Ouessant est un passionnant roman noir qui nous plonge dans l'histoire, la petite, celle vécue par les ouessantins et la grande celle qui a marqué les esprits à l'échelon national. On y découvre Ouessant ce caillou déposé au milieu de l'Atlantique dont l'horizon est souvent bouché par un brouillard à couper au couteau. On y découvre des personnages hauts en couleurs, aux caractères bien trempés, oserai-je dire imbibés, décrits avec humour et tendresse dans des scènes parfois jubilatoires.
J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman à découvrir le style de l'auteur, un style incisif et plein d'humour (noir le plus souvent), un style marqué par des phrases courtes, des phrases coup de poing. J'ai beaucoup apprécié aussi les hommages rendu ici et là au glorieux ancien, San Antonio, dans les noms de personnages (Picmuche rappelle Pinuche et le véritable prénom d'Arlock qui va aider Luc du continent, est Alexandre-Benoît comme l'inénarrable Bérurier), et dans l'utilisation de l'argot notamment dans les dialogues. Un roman qu'on ne lâche pas tant pour l'intrigue que pour le style de l'auteur et son humour . On prend autant de plaisir à lire ce roman que l'auteur semble en avoir pris à l'écrire.
L'Embaumeur comme Le Poulpe est un personnage qui revient sous la plume de plusieurs auteurs. Ce roman est le premier que je lis de cette série. Il m'a donné envie de découvrir les autres aventures de Luc Mandoline.
Connaissez-vous Luc Mandoline ? Non ? Eh bien, à l'image d'un Gabriel Lecouvreur dit Le Poulpe ou d'un Léo Tanguy, Luc Mandoline est un personnage créé (par Sébastien Mousse) et mis à la disposition d'écrivains qui peuvent s'emparer de son univers pour le temps d'une aventure. Tout cela est bien expliqué sur le site de L'Atelier Mosésu. Stéphane Pajot, qui a déjà excellemment sévi avec Le Poulpe ou Léo Tanguy se colle cette fois-ci à la thanatopraxie. Et le moins qu'on puisse dire c'est que ça commence fort : à peine débarqué à Ouessant, Luc est témoin d'une altercation entre deux vieux dont l'un chute et se fracasse le crâne sur un banc, l'autre s'en allant attendre les gendarmes chez lui. Puis Luc reçoit des messages énigmatiques sur son portable. Ensuite, il échoue dans un café et se lie avec les poivrots locaux qui ne dessaouleront pas du livre. Puis, Stépane Pajot déroule son histoire, entre jeux de mots ou blagues bien pourris (mais assumés) et assénés par un pochtron sympathique quoiqu'un poil lourd : "Sais-tu qu'en Chine, on pleure quant on meurt et on riz cantonais ?" (p.35), argot, tournures de phrases bien senties, fleuries, et citations de chansons connues placées discrètement par-ci par-là, j'en ai repéré plusieurs dont une de Renaud (et d'autres mais comme je n'ai pas noté les pages, je ne les ai pas retrouvées en feuilletant), ainsi qu'une bande-son : JP Capdevielle (la belle Chiquita oblige ! Merci Stéphane, j'ai le morceau en tête depuis plusieurs jours), Miossec (inévitable), Neil Young, The Saints, ... Il parle également beaucoup d'anecdotes locales, de légendes bretonnes et ouessantines, comme l'Ankou (la mort) qui se promène dans les rues pour faucher ceux qui le croisent. Mais Ouessant a aussi rendez-vous avec l'Histoire : De Gaulle et les résistants mais aussi la section Bezenn Perrot qui, forte d'une poignée de Bretons à fait beaucoup plus que collaborer avec l'ennemi nazi.
Extrêmement bien documenté c'est un polar qui se lit très agréablement : S. Pajot a l'intelligence d'alterner les passages sérieux et historiques avec d'autres plus légers, d'englober tout cela dans un roman noir et dans une écriture enlevée, légère et dynamique.
Bon, avec tout ça, j'ai très envie d'écouter The Saints (ce que je fais en écrivant les texte, Swing for the crime), mais j'ai surtout très très envie d'aller à Ouessant. Alors si par hasard, un Ouessantin ou une Ouessantine passe sur mon modeste blog et si par le même hasard, cette personne se trouve en possession d'un gîte ou d'une chambre de coût modéré, je serais ravi de lier connaissance et de passer quelques jours (voire plusieurs jours, du genre une semaine). Il va sans dire que Madame Yv voudra être du voyage. J'avais bien penser à faire cette proposition en sélectionnant des livres qui se passent aux Seychelles, à l'Île Maurice ou dans d'autres lieux paradisiaques, mais c'est très surfait, alors que Ouessant c'est authentique ! (avec ça, je crois que j'ai mis tous les atouts de mon côté).
A bientôt Ouessant ! Et merci Stéphane, la Bretagne, finalement, y'a rien de mieux !
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !