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L'article « Philosophe » de l'Encyclopédie dessine, au midi du siècle des Lumières, un modèle qui embrasse indissociablement le savoir, la cité et son devenir historique. La préservation et le développement des connaissances incombent à un philosophe qui doit concilier l'exercice de son esprit critique - indispensable à l'éradication des préjugés et des superstitions -, l'élaboration des connaissances nouvelles - l'une des conditions essentielles du progrès - et l'écoute du prince, détenteur du pouvoir politique et réformateur virtuel. Ce modèle est cependant mis à mal par les difficultés que connaît la collaboration des philosophes avec les absolutismes éclairés européens. La figure du philosophe oeuvrant au service du progrès humain s'avère par là même très vite instable et précaire : minée tant par les exigences inattendues de l'absolutisme éclairé que par les pressions conservatrices (évidentes avec l'échec de la réforme de Turgot) qui ravivent la mémoire d'un obscurantisme abhorré. Plusieurs autres facteurs accroissent la part du doute quant à la «mission» et au statut du philosophe. Les grandes remises en cause de Rousseau ébranlent les certitudes du camp philosophique quant à l'histoire-progrès. Les questions de Diderot et des matérialistes conduisent à des affrontements internes aux Lumières. A partir de 1780, l'essor de l'occultisme - avec les succès parisiens de Mesmer et de Cagliostro notamment - est flagrant.
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