"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À partir d'un commentaire original, méticuleux et approfondi du Hiéron de Xénophon, Leo Strauss cherche à dégager les cadres d'une réflexion «classique» sur la tyrannie, et prétend qu'il est possible de comprendre, à partir de la pensée des Anciens, les formes dites modernes de totalitarisme dont il a été directement contemporain. Kojève, qui s'adosse, en revanche, à une lecture de Hegel et fait valoir la singularité des formes modernes de domination, lui répond (Tyrannie et sagesse) et amorce ainsi une discussion de fond (qui se poursuit dans la Mise au point de Strauss) sur l'histoire et les présupposés de la réflexion politique en général : y a-t-il une «nature humaine», essentielle par rapport aux changements contingents des formes de domination ? L'«histoire» n'est-elle finalement qu'une «illusion» ? Est-il possible d'en imaginer la fin ? La correspondance (publiée pour la première fois en français) échangée entre les deux penseurs révèle les coulisses de cette discussion, et montre l'arrière-plan événementiel et théorique où elle se déroule : le Paris des années 1930 et 1950, l'Europe qui va basculer dans la Seconde Guerre mondiale, et le choc entre deux interprétations de la philosophie antique où la figure de Heidegger est constamment présente.
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