"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
DE HUMBOLDT A HUBBLE : de Humboldt qui, en publiant son célèbre Cosmos, est le premier à boucler la planète mais le dernier aussi des grands encyclopédistes incarnant le rêve d'un savoir total - à Hubble qui, en cette fin de siècle, ouvre à l'oeil humain les espaces galactiques les plus étonnants.
En quoi ces voyages, ces découvertes, du début du Romantisme à la fin des avant-gardes, ont-ils façonné la sensibilité moderne ? Le paysage accède au rang d'art majeur, en même temps que le pressentiment du Sublime se substitue à l'ancienne théorie du Beau.
L'Amérique sera, non par hasard mais par destination, le lieu élu de ce bouleversement. C'est sous l'influence de Humboldt que les premiers grands paysagistes américains, Cole, Moran, Church, mais aussi le photographe Muybridge, développent relevés topographiques et scientifiques autant que nouveau frisson esthétique, découvrant les horizons d'une terre qui s'offre à eux comme Terre promise : si le Vieux Monde est le monde de la chute et de la corruption, le monde nouveau est en effet celui du nouveau jardin d'Eden.
Cet aspect apocalyptique, tous les mouvements modernes, du futurisme italien au suprématisme russe, l'illustreront.
Balla transcrit les révolutions de Mercure et s'est construit une lunette avec laquelle observer le ciel. Kupka, Brancusi, Delaunay participent de cette exaltation. Masson, Miro, Picasso, Calder, continuent, dans les années 30, cette poétique des corps mobiles dans l'espace, donnant à leurs oeuvres diverses le terme unique de " Constellations ". Klein dans les années 50, sera leur successeur, qui, dans ses " Cosmologies ", prolonge ces rêveries.
Surtout, un monde libéré de la gravité est la nouvelle saisissante de ce Cosmos.
La peinture, dès 1910, ignorera, dans l'abstraction de Kandinsky mais aussi chez Malevitch et Lissitzky, les notions de haut et de bas. Et l'île volante de Laputa imaginée par Swift trouvera sa réalisation dans les villes flottantes rêvées par des artistes comme Malevitch dans ses planites et ses architectones, par, Kroutikov dans ses villes suspendues dans l'espace.
De nos jours, la rêverie cosmologique qui se fait insistante ou nostalgique chez Kiefer, Celmins ou Ruff, devient en revanche autodérision chez beaucoup de contemporains, avec lesquels se conclut cet ouvrage dédié à la naissance du troisième millénaire.
J.C.
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