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Conter en vers au siècle des Lumières ; Du divertissement mondain au genre libertin

Couverture du livre « Conter en vers au siècle des Lumières ; Du divertissement mondain au genre libertin » de Stephanie Bernier-Tomas aux éditions Honore Champion
Résumé:

Des récits aimables mais sans prétention littéraire, tombés d'ailleurs en désuétude ; une succession de bons mots et de plaisanteries égrillardes, plus ou moins raffinées, nées au détour de la conversation; un divertissement oiseux pour aristocrates oisifs. Telles sont les images qui s'imposent... Voir plus

Des récits aimables mais sans prétention littéraire, tombés d'ailleurs en désuétude ; une succession de bons mots et de plaisanteries égrillardes, plus ou moins raffinées, nées au détour de la conversation; un divertissement oiseux pour aristocrates oisifs. Telles sont les images qui s'imposent communément au lecteur contemporain, grandement dédaigneux des poetae minores et ignorant des conventions du siècle, lorsque sont évoqués les contes en vers au XVIIIe siècle. En plein triomphe des Lumières s'invite effectivement dans le paysage littéraire cette production singulière, foisonnante et féconde, mais qui n'a jamais fait l'objet d'une analyse d'ensemble. Poésie de société, création collective et sérielle, le conte en vers manifeste indéniablement le goût du persiflage et du badinage propre aux mondains et restitue avec vivacité la physionomie d'une époque avide de légèreté et encline à la licence. Sous la plume des admirateurs des Contes de La Fontaine transparaissent toute l'insolence et la sensualité du XVIIIe siècle. Véritable phénomène de mode, comme le conte de fées qui le précède, le conte en vers semblerait presque anecdotique avec son charme suranné, mais ce serait oublier avec quelle justesse il éclaire la part d'ombre d'un siècle qui n'était pas tout entier tourné vers la raison et le combat philosophique, mais savait aussi se divertir de bagatelles. Presque à son insu, il se constitue ainsi en genre littéraire à part entière, marginal certes, non codifié par les théoriciens et décrié par les tenants de l'orthodoxie littéraire, mais pratiqué par les auteurs reconnus, à l'image de Voltaire, comme par les plumes de second ordre, tel Grécourt, l'auteur le plus prolifique du temps. Relevant de la poésie fugitive, le récit versifié se présente comme une émanation directe de l'art de la conversation si prisé à l'époque qu'il impose des thèmes aux écrivains et modèle la poétique des textes. Libertin par sa philosophie, le conte l'est avant tout par son écriture allusive et subversive, facétieuse et malicieuse. Témoignant de la crise de la poésie au siècle des Lumières, il incarne de toute évidence la recherche d'une voie poétique nouvelle, empreinte d'humilité, de légèreté et de simplicité, et qui récuse au plus haut point la gravité et le sublime.

Stéphanie Bernier-Tomas, agrégée de Lettres modernes, docteur ès Lettres, poursuit des recherches sur la poésie au XVIIIe siècle, sur les genres mineurs et marginaux du siècle ainsi que sur le libertinage.

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