"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Je crois que le malheur peut flétrir les joues, mais il n'attaque pas l'esprit. » « Si le foie de ma femme était aussi infecté que son existence, elle ne vivrait pas plus longtemps que les minutes d'un sablier. » « Si je me suis trompé en échafaudant la conviction qui m'habite, alors la terre n'est pas assez solide pour supporter la toupie d'un écolier. » « Mais j'ai, ancrée ici, une blessure d'honneur plus brûlante qu'un ouragan de larmes. » « J'ai le sentiment que les dieux sont furieux de ce que nous nous apprêtons à faire et qu'ils nous jettent des regards noirs. » C'est un paysage onirique bouleversant que nous avons sous les yeux. D'une profondeur, d'une vérité à la fois troubles et infinies. Toute la pièce commence avec la jalousie du roi Léonte, comme un excès d'amour qui en un cillement se transforme en folie. Dès cet instant elle semble courir vers la catastrophe et l'écriture prend le rythme cataclysmique et malade de la psyché du roi.
Nous avons sous les yeux l'immensité du récit intime, le paysage diffracté de la douleur. C'est en cela que la pièce est une pièce-monde, qui nous révèle ce que nous sommes, en puissance, au plus profond de nous. Ce que nous perdons. Ce que nous retrouvons. C'est peut-être cela l'hiver du conte : le feu qui brûle sous la glace et qui s'apaise (peut-être) quand le Temps a accompli son oeuvre.
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