"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La duchesse Albine Auteuil de Plassiras, jeune veuve et poétesse torturée, fréquentait le célèbre cabaret le Chat Noir et les artistes décadents les plus renommés : Maurice Rollinat ou Marie Krysinska. Elle y apprit à s'extraire du carcan aristocratique dans lequel elle était née, et s'ouvrit à ce mouvement étrange qu'était la culture fin de siècle.
Merci aux éditions Artalys pour ce partenariat. J’ai découvert la plume de Jess Swann au détour d’un autre livre publié chez eux, La Dame aux papillons. Un roman que j’avais fort apprécié, car le style d’écriture était très élégant, tout en restant incisif. Ici, nous avons droit à une réadaptation du célèbre roman Raison et Sentiments de Jane Austen. Comme beaucoup, je l’ai lu il y a des années (quand j’étais encore adolescente, pour être honnête). J’en avais gardé un souvenir assez flou, du coup je ne craignais pas d’être déconcertée par les éventuelles similitudes.
Isobel et sa petite soeur Helen viennent de perdre leur père. Ni une ni deux, leur demi-frère et leur belle-soeur s’empressent de les mettre à la porte (cordialement, s’entend) afin d’avoir la paix. Isobel trouve alors un travail, tout en veillant sur Helen qui poursuit des études d’arts. Les soeurs Westlake vont aller d’aventure en aventure, où les problèmes de coeur vont bouleverser leurs vies.
M’ouais, j’ai conscience que mon résumé est nul de chez nul et ne met pas en valeur le roman. Et pourtant, quel roman ! Comme dans La Dame aux papillons, je suis passée par un tsunami d’émotions, et pas toujours très positif. Et sincèrement, je ne sais pas par quoi commencer tellement ça m’a chamboulé.
L’histoire commence relativement lentement et nous permet de cibler un peu les soeurs Westlake. D’un côté, nous avons Isobel, la posée, celle qui règle toutes les anicroches sans sourciller. De l’autre Helen, tout feu tout flamme, aussi passionnée que sensible. Les jeunes filles vivent un deuil et doivent refaire leur vie loin de leur maison d’enfance. Déjà là, j’ai senti la moutarde me monter au nez. Pourquoi ? L’auteur a un don tout particulier pour nous faire détester certains personnages. Lowell (le demi-frère) et sa femme sont des parasites, des petites raclures arrivistes qui ne mérite qu’une chose : le bucher ! Et encore, je pèse mes mots. J’étais tellement prise dans l’histoire que j’ai eu un mal fou à dissocier la réalité de la fiction. Certains protagonistes sont tellement horripilants qu’on reste parfois bouche bée face à leurs propos. Alors quelques lecteurs pourraient penser que cette attitude est parfois trop caricaturale. C’est possible, seulement moi, j’ai trouvé ça bien amené et hautement réaliste. Car je suis persuadée que dans la vraie vie, il y a des gens qui tiennent des discours similaires.
Au-delà de ces individus peu recommandables, nous avons les héroïnes. Autant j’ai beaucoup apprécié Helen et son caractère pétillant. Je me suis sentie très proche d’elle, de ses joies et de ses tourments. Et je me suis vraiment reconnue dans ce personnage. On s’attache derechef, tant elle est adorable et entière. Je reste par contre un peu plus sur la réserve avec Isobel. Je l’ai appréciée, là n’est pas le problème, mais si Helen est le jour, Isobel est la nuit. Elle est peu dans la démonstration et se montre très secrète. Elle a tendance à garder toutes ses frustrations en elle, sans rien laisser paraître. C’est à se demander comment elle fait pour ne pas avoir un ulcère. Car Isobel amortit et absorbe les coups comme personne. C’est justement cette “constance” qui m’a rapidement agacée. Et le fait qu’elle laisse chaque fois sa chance à Lowell, alors qu’elle sait pertinemment qu’il est à jeter. Je suis d’accord qu’il s’agit là de son frère, mais il y a des limites à ne pas franchir, et Isobel ne met aucune limite à personne. On peut apparenter ce tempérament à un manque de caractère, mais je ne pense pas qu’il s’agisse de cela. Isobel pense beaucoup de choses, mais ne montre jamais rien à personne. Alors que parfois, pousser une gueulante, ça fait un bien fou !
Vous l’aurez compris, je me suis beaucoup arraché les cheveux avec ce livre (dans le bon sens du terme). J’ai aussi fondu comme du chocolat en plein soleil. Les romances sont mignonnes bien que très différentes. On a l’impression d’être une petite souris dans les vies des soeurs Westlake. On suit leurs déboires, on partage leurs espérances. Et plus on avance, plus les romances s’entremêlent, se font compliquées. Des liens inattendus apparaissent, l’histoire prend chaque fois une tournure que l’on n’aurait pas cru possible. Pour tout cela, bravo à l’auteur qui a su mener sa barque avec brio.
Je n’ai pas toujours eu l’impression d’avoir affaire à du contemporain. Les dialogues et les pensées retranscrites font très “anciens”, dans le sens où on a l’impression qu’il s’agit d’une autre époque, beaucoup moins moderne que la nôtre. Alors avis aux lecteurs : sachez que la romance s’inscrit dans une ambiance entre deux époques. On a ce sentiment d’être dans l’entre-deux. Ce qui n’est pas particulièrement désagréable, mais ça peut surprendre aux premiers abords.
En résumé, une romance agréable et parfois compliquée, qui met nos nerfs à rude épreuve. J’ai été soufflée par l’habileté de l’auteur quand il s’agit de nous faire haïr des personnages, et j’ai trouvé la fin parfaite en tout point. Pour moi, c’est une belle adaptation contemporaine, qui ravira les amateurs du genre.
Ma chronique : http://april-the-seven.weebly.c om/romance/constance-seduction-jess-swann
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