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Faute de connaître l'écologie de notre propre corps, nous recherchons dans la nature une harmonie qui se trouve à l'intérieur de nous : notre microcosme ne correspond plus avec le macrocosme. Nous cherchons à la montagne, sur les plages ou à la campagne des paysages sans correspondance entre notre corps et la nature. "Les parfums, les couleurs et les sons ", des "Correspondances des Fleurs du Mal " de Baudelaire, ne se répondent plus. Pour Empedocle, "c'est par la terre (qui est en nous) que nous connaissons la terre, par l'eau que nous connaissons l'eau, par l'éther, l'éther divin, par le feu, le feu destructeur"1. Les découvertes de l'atome, du neurone, du gène ou des cellules souches ont développé une indépendance des sciences de toutes références cosmogoniques : l'hygiène, la prévention, l'exploitation des ressources nous procurent une domination aseptisée de la nature sans contact direct avec les éléments. Se déplacer à pied, prendre l'air, transformer l'énergie solaire, s'enfoncer dans la terre, se trouver bien dans l'eau, prendre le goût de terre de produits sont autant de modes d'écologiser son corps au quotidien. Si le corps éprouve en lui l'effet des éléments sans les subir, l'interaction avec la nature ne pourra plus nous isoler de la nécessaire restauration écologique de l'environnement. Aucune conférence mondiale ne remplacera la conscience corporelle de notre interaction avec les éléments, pour autant que l'éducation écologique pourrait être réflexive et sensorielle et pas seulement morale et prescriptive.
Sans une intériorisation des techniques écologisant les corps, chacun(e) peut croire que les éléments sont extérieurs et maîtrisables : nous sommes pourtant dans le flux, dans le courant d'air, dans le tremblement de terre et dans les voies d'eau.
Avec l'écologie corporelle, la cosmotique ne se tient pas ni à distance ni en idolâtrie des éléments naturels : la nature n'est ni bonne ni mauvaise, mais elle questionne sans relâche nos interactions physiques avec elle par les limites mêmes de notre corps et l'inventivité verte de nos techniques.
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