L'opinion chrétienne est inévitablement divisée entre, d'une part, une perspective dite « ouverte », qui voit l'accueil tendanciellement inconditionnel des migrants comme une conséquence directe et évidente de l'adhésion au christianisme, et, d'autre part, une perspective dite « identitaire », qui s'inquiète des effets de l'immigration, surtout musulmane, sur des sociétés dont le caractère chrétien est déjà en voie d'effacement.
Cette opposition est compréhensible, mais stérile dans la mesure où la confrontation entre les deux positions ne peut enclencher aucune dialectique constructive. Chacune a sa « part de vérité », mais à partir de ces deux morceaux de vérité, on ne saurait construire une vue plus large et impartiale. Elles s'ignorent ou se détruisent l'une l'autre.
PIERRE MANENT
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