"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lorsqu'en 1948 paraît Chimères, le destin de l'Égypte semble lié durablement à celui de l'Angleterre. Cette situation voit Naguib Mahfouz s'installer dans la période réaliste de son oeuvre naissante. Chimères se pose pourtant en retrait de cette tendance. Mahfouz s'y concentre sur la psychologie d'un seul personnage, brossant dans ce récit intimiste le portrait d'un être hypersensible, mal adapté à la vie en société. Après une enfance calfeutrée, il se libère de la tutelle d'une mère trop aimante pour affronter le monde du travail et découvrir l'amour. Amour pur et idéalisé, mais le mariage, hélas, loin de mettre fin aux angoisses du jeune homme, ne fera que les exacerber. L'adoration qu'il voue à sa femme entrave sa sensualité, jusqu'à le faire souffrir d'impuissance. Désespéré, tour à tour la proie de la honte, de la jalousie et de la rage, l'amoureux déçu noie son chagrin dans l'alcool comme dans les bras d'autres femmes. Désemparé et pathétique, il sera le témoin de l'écroulement inexorable de son mariage. Trahisons, adultères et deuils vont se succéder en un déchaînement passionnel. Et ce récit qui avait débuté comme une longue plainte sourde et solitaire se termine en un brasier de violence et de folie.
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