Récits de chasse dans les contreforts des Vosges vers 1880 : grands sangliers, loups, bécasses, coqs de bruyère, gélinottes et chats sauvages.
Illustré des gravures sur bois tirées de la première édition (Souvenirs d'un louvetier, 1891).
Par intervalles les cris du piqueur dominent tout cela. Le brave garçon s'avance au plus épais et tire dans le tas. Jusqu'alors j'ai vu les sangliers vider le ferme sur un coup de fusil ; cette fois, c'est le contraire qui a lieu : à peine la détonation a-t-elle retenti, que les animaux font une charge furieuse sur les chiens, qui sont ramenés. Dans leur déroute, ils renversent le piqueur, qui, se sentant près d'être foulé par les sangliers, tire son second coup en l'air pour les faire reculer. Il était temps ; en se relevant, il voit devant lui une muraille noire sur la neige ; les sangliers se sont arrêtés, un instant indécis ; les chiens reviennent aussitôt à la rescousse, et vingt fois nous entendons les charges furieuses qui se font dans tous les sens. Tantôt il y a des fermes de tous côtés ; puis tout le monde grogne et se rallie, et les mâtins, à leur tour, s'ameutent sur un seul point. Le piqueur, à bout de souffle, trouve à peine la force de les exciter encore à la lutte.
La nuit est venue ; encore dix minutes, et il n'y aura plus moyen de tirer. Heureusement les traqueurs se sont rapprochés ; leurs clameurs décident les sangliers à forcer la ligne.
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