"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
A cinquante ans de distance, sous le "raj" britannique et après l'indépendance, l'histoire de deux Anglaises et d'un continent l'Inde. Si les protagonistes ont chargé, la chaleur et la poussière existent toujours. Et l'Inde fascine - et repousse - autant la narratrice que jadis sa grand-mère, Olivia, Olivia qui laissa tomber mari et conventions pour le Nawab, prince décadent et cruel James Ivory a tiré de Chaleur et poussière un film qui a connu un succès mondial.
Scénariste attitrée de James Ivory (Chambre avec vue, Howards End), Ruth Prawer Jhabvala, Indienne d'adoption, est également l'auteur de nombreux romans. Chaleur et poussière lui a valu en 1975 le Booker Prize, la plus haute récompense littéraire anglaise.
Olivia est l'épouse d'un administrateur anglais, Douglas, qui travaille en Inde pour le gouvernement britannique en 1923. Ils viennent récemment de se marier et elle découvre le quotidien d'une femme mariée dans un pays qui n'est pas le sien et où elle n'a absolument aucune activité pour la divertir. Malgré la chaleur de l'été, Olivia refuse de laisser son époux pour se réfugier dans les montagnes indiennes, plus fraîches. De toute façon, elle n'apprécie pas particulièrement la compagnie des autres épouses d'administrateurs et préfère passer ses journées seules, à attendre le retour de son époux après sa journée de travaille. Olivia est de plus en plus intriguée par un Prince indien, qu'elle appelle le Nawab, et dont elle reçoit de plus en plus fréquemment la visite en journée.
De nos jours, une jeune anglaise se rend en Inde, sur les traces de la première femme de son grand-père, Olivia. Cette dernière a quitté Douglas pour s'enfuir avec un Prince indien, et est ainsi devenue une sorte de légende familiale.
Ruth Prawer Jhabvala raconte ainsi deux histoires simultanément : celle mystérieuse d'Olivia et celle moderne de cette jeune narratrice qui découvre un pays exotique. Le récit de l'histoire d'Olivia est marqué par un certaine langueur, l'écriture de l'auteur transmettant l'ambiance humide, lourde et lente du quotidien de cette jeune femme solitaire. Olivia est une Emma Bovary anglaise, qui se morfond d'ennui au fin fond de l'Inde. Bien qu'elle aime son époux, elle ne peut s'empêcher d'être attirée par le Nawab. Ruth Prawer Jhabvala excelle à montrer à quel point son héroïne de 1923 se cache la réalité de ses sentiments.
Bien que le récit parallèle qui met en avant une héroïne contemporaine ne m'ait pas particulièrement emballée (cela m'a même ennuyée quelques fois), je lui trouve tout de même un intérêt : cette histoire permet de mettre en perspective ce que peut ressentir une jeune femme dans un pays aussi différent du sien. En effet, alors que la narration en 1923 ne traite pas directement des sentiments d'Olivia (ils sont suggérés, tout au plus), celui contemporain aide beaucoup plus à se projeter dans la tête de l'héroïne.
Malgré tout, je crois que j'aurais grandement préféré un livre entièrement tourné autour d'Olivia, et bien plus développé. Le gros bémol de ce roman reste l'ennui suscité par la lecture de la narration de l'héroïne moderne alors même que l'ennui d'Olivia n'est absolument pas ennuyeux... quel paradoxe !
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