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La poésie est un art exigeant où l'autoproclamation vaut insignifiance car c'est le regard de l'autre qui constitue le créateur, lui confère le statut de poète. Ainsi, en Bernard Mazo, le lecteur et le critique voient celui qui " nous touche au vif car il opte pour la limpidité " (Charles Dobzynski), celui qui " élève sa désespérance à la hauteur d'une morale avec du Cioran chez lui " (Jean Orizet). Alain Bosquet : " Lapidaire parmi les lapidaires, il arrive à une densité lumineuse que peuvent lui envier bien des poètes célèbres ". Patrice Delbourg salue " une poésie émouvante dans son assise précaire, et qui balance dans l'ébriété du silence ". Pour Monique Petillon, à propos de La vie foudroyée : " Voici une poésie magnifique que traverse une lucidité lumineuse, une tension constante entre parole et mutisme ". (Le Monde).
Bernard Mazo, qui nous a quittés en 2012, était poète, essayiste et critique. Il était aussi animateur aux Voix vives de Méditerranée à Sète ainsi que membre du jury du prix Apollinaire et de l’Académie Mallarmé. Dire de lui qu’il était un passionné de la poésie est une évidence.
Parmi la dizaine de recueils qu’il a publiée, j’ai aimé Cette absence infinie (Le dé bleu, 2004)
La fraîcheur du matin
Ou rien
Et ce silence
Dans l’incandescence
De l’été
Le silence, oui, qui revient tel un refrain tout au long de la centaine de pages de ce recueil. Silence qu’accompagnent la mort et la beauté du monde car, chez le poète, face à la beauté désespérée du monde, on ne peut que se taire. La mort qui nous accompagne est une douleur consciente qui s’oppose à l’ombre désespérée de la beauté. Cependant, à cette fin qui nous attend, Bernard Mazo opposait sa propre résistance.
Si je chante la douceur des choses,
si je dis la douleur des jours,
c’est uniquement pour ne pas trébucher
pour ne pas mourir…
Il faut vivre, pourtant, dans l’âpreté des jours, combien même la vie est comme une attente jamais comblée et le désir est fort de s’enfouir dans le silence assourdissant du poème.
Le poème est là pour évoquer ce mal être persistant, mais c’est avec une lucidité aigüe que le poète affirme :
Tel sera notre exil :
cette page blanche
où va dérisoire
s’engloutir le poème…
Et si, parfois les souvenirs remontés de l’enfance semblent adoucir le temps traversé, persiste l’odeur poignardée des lilas de l’enfance.
Le poète s’est tu mais sa poésie, d’une concision polie aux arêtes vives de la vie, poursuit son murmure dans nos silences.
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