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Marié dès l'âge de dix-huit ans à une femme que sa communauté lui a choisie, Shulem Deen a longtemps mené une vie austère encadrée par les règles strictes des skver. Considérés comme trop extrêmes même par les plus fanatiques - les satmar, les belz, les loubavitch -, les skver font revivre les coutumes et les pratiques des premiers Juifs hassidiques et se tiennent à l'écart du monde extérieur. Seulement, un jour, Shulem s'est mis à douter. Dans ce récit passionnant, il raconte le long et douloureux processus d'émancipation qui a poussé sa communauté ultra-orthodoxe à l'exclure pour hérésie. Un parcours poignant qui, loin de tout règlement de comptes, offre une analyse fine des raisons conduisant des hommes et des femmes à quitter leur monde.
Il y a certains livres qu'il faut absolument prendre le temps de tourner les pages pour mieux les savourer.
Celui qui va vers elle ne revient pas est un récit d'émancipation où l'auteur, lui-même, raconte sa propre histoire au sein de la communauté ultra-orthodoxe, les Juifs Hassidiques, qui sont facilement identifiables : Barbus, Chapeaux noirs, longues papillotes, caftans noirs, pour les hommes, et les femmes mariés, perruques souvent stylisées d'une écharpe ou d'un chapeau et d'un vêtement très, très sobre, entourées d'une ribambelle d'enfants. Bref ! Shulem est né et a grandi Skver, une des branches Hassidiques qui se trouvent en plein New-York, à New Square, village où les membres sont à l'abri des influences du monde laïque, ne parlant que le Yiddish, très peu ou pas la langue du pays, excluant radicalement tous les plaisirs terrestres (télé, radio, internet, magazines, nourritures non casher, vêtements...) pour être en total osmose avec le Créateur, en communion dans la prière et de la Torah (la Bible hébraïque ou l'ancien Testament, pilier de la foi Juive) qui leur sert de guide. D'ailleurs, ils ne fréquentent pas et ne s’intéressent pas aux non-juifs qui pourraient avoir une mauvaise influence sur eux.
C'est donc à travers les lignes que l'on découvre l'obscurantisme et extrémisme de cette communauté, que moi, personnellement, je connaissais un peu. Ici, Shulem, sans pour autant incriminer les hassidiques, préfère décrire son ressenti, ses faiblesses, ses tentations, ses peurs, ses questionnements, ses doutes sur sa foi, qui ont commencé peu avant sa majorité et qui ont pris réellement de l'ampleur quand il découvre internet, par hasard. Il est à cette époque à peine adulte, marié à une jeune femme qu'il n'aime pas, et père de cinq enfants ; à vrai dire, il n'a pas vraiment eu le choix, chez eux, les mariages sont arrangés. C'est donc une faille (internet) qui vient foutre en l'air toutes ses convictions ancrées en lui depuis toujours et qui, par la suite, va détruire sa vie de famille.
Parce que oui, internet est une immense porte qui s'ouvre au monde, qui ne cache pas et qui attise comme le serpent et la pomme. La tentation. Internet répond aux questions, documente... et c'est comme ça que Shulem va découvrir le monde qui l'entoure aux choses futiles complètement interdites au sein de la communauté et également voir qu'il n'est pas seul à être dans cette situation délicate. Mais tout cela à un prix, le prix de la liberté aura des conséquences et il va vite le comprendre une fois dehors.
Un livre passionnant, percutant, mais surtout, très instructif, et riche par les mots, sans trop mettre en avant le côté biblique que beaucoup évite en littérature. Une belle découverte que je vous recommande !
Le parcours de Shulem est intéressant à de nombreux égards. Il nous montre ce qu'est la vie dans cette communauté, puis le parcours de celui qui perd sa foi mais aussi celui d'un hassidique qui peine à joindre les deux bouts et qui peut difficilement obtenir un emploi à l'extérieur de la communauté car leur culture est axée sur des savoirs devenus obsolètes, comme rédiger des contrats de vente du Ve siècle. Et puis, ce qui m'a beaucoup touchée, c'est la dernière partie, celle dans laquelle il a quitté sa communauté et qu'il doit tout apprendre, comment vivre seul d'abord et là, on parle de vraie solitude, sans parents ou amis et comment se comporter en société, ce qui passe d'abord par un apprentissage de la langue de tous les jours. Je ne vois vraiment pas comment on peut rester insensible à ce témoignage et je peux vous assurer que vous ne verrez pas les 400 pages passer.
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