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Ceci est pour vous ; de Baudelaire à Modiano : à qui sont dédiées les grandes oeuvres ?

Couverture du livre « Ceci est pour vous ; de Baudelaire à Modiano : à qui sont dédiées les grandes oeuvres ? » de Macha Sery aux éditions Philippe Rey
Résumé:

À qui adresse-t-on un roman ? Aux lecteurs, bien sûr, un seul et même anonyme. Mais pourquoi parfois l'auteur ose-t-il glisser un message privé, faire de son livre une offrande personnelle ? Parce que, comme le rappelait Roger Nimier, " les livres sont les lettres qu'on écrit à ses amis ",... Voir plus

À qui adresse-t-on un roman ? Aux lecteurs, bien sûr, un seul et même anonyme. Mais pourquoi parfois l'auteur ose-t-il glisser un message privé, faire de son livre une offrande personnelle ? Parce que, comme le rappelait Roger Nimier, " les livres sont les lettres qu'on écrit à ses amis ", présents ou disparus.
Avant l'invention des droits d'auteur, la dédicace était une manière pour les écrivains d'obtenir une rétribution de la part des puissants auxquels ils les offraient. Puis elle a pris un tour plus personnel. Elle s'est faite déclaration d'amour ou d'amitié. Par là, les écrivains payaient leurs dettes à ceux qui les avaient soutenus ou inspirés. Ils témoignaient d'un compagnonnage prolongé ou exprimaient le regret d'avoir perdu un être cher. Et c'est ainsi que des noms sont restés tout à la fois dans et en marge des livres, constituant une effraction consentie dans l'intimité de leur auteur. Noms de personnalités ou d'illustres inconnus. C'est ceux-là que nous avons choisis, pour réparer une injustice et éclairer des pans restés dans l'ombre de l'histoire littéraire.
Combien de thèses écrites sur André Malraux et la Condition Humaine ! Presque rien sur Eddy du Perron, cet écrivain hollandais, élevé à Java, qui en fut le destinataire. Malgré la réédition de ses ouvres, la figure de Léon Werth associé au Petit Prince de Saint-Exupéry, est tombée dans l'oubli. Elizabeth Craig, la belle danseuse américaine qui partagea pendant huit ans la vie de Louis-Ferdinand Céline et accompagna la naissance douloureuse du Voyage au bout de la nuit, fut sans doute l'unique femme que l'auteur ait aimé follement. Pascal Pia, l'incarnation de l'homme absurde selon Albert Camus, fut le mentor et le modèle de celui-ci avant leur brouille définitive en 1947. Le premier recruta le second comme journaliste à Alger Républicain, il le fit venir en France en 1940, favorisa l'édition de ses livres par Gallimard. Macha Séry rend ici hommage à son érudition et à sa clairvoyance politique. On se souvient de Sarah Bernhardt, mais pas de Coquelin, acteur le plus populaire de son temps, qui commanda à Rostand Cyrano de Bergerac et en assura le succès par son interprétation. Le génie de Blaise Cendrars (Bourlinguer) a éclipsé son plus vieil ami, l'écrivain-voyageur A. t'Sterstevens qui sillonnait les routes du monde en voiture-roulotte. Jusqu'à sa mort, Roger Martin du Gard porta la bague de Pierre Margaritis, ce cousin que lui ravit la grippe espagnole en 1918 et dont la vie tumultueuse donna naissance à la saga des Thibault. Et, qui sait si Paludes ou Les Faux Monnayeurs de Gide auraient vu le jour sans l'exemple littéraire et biographique donné par Eugène Rouart ? Quant au noceur Antoine Blondin, il possédait pour interlocuteur privilégié l'abbé Pistre avec lequel il communiait dans la religion du rugby et auquel il dédia Monsieur Jadis ou L'École du soir.
Autant d'histoires émouvantes, au cour de la création littéraire, restituées dans cet ouvrage foisonnant, solidement documenté et remarquablement écrit.




Journaliste au Monde, Macha Séry est l'auteur de deux essais littéraires (Des amis en toute saison : d'Apollinaire à Camus et Albert Camus. Premiers combats) ; d'un recueil de reportages (Parents d'élèves si vous saviez) et de deux romans (Les Cendres du soupçon et Blanche Maupas).

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