"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Oublié en France, Frédéric Bastiat est considéré aux Etats-Unis comme un auteur de première importance.
Son pamphlet, La Loi, y a été diffusé à plus d'un million d'exemplaires. Il est aujourd'hui traduit en Russie comme en Chine ! Qui était Frédéric Bastiat ? Homme d'action et extraordinaire propagandiste, il est né à Bayonne en 1801. Il se fait connaître à quarante cinq ans par son combat en faveur du Libre Échange. En cinq ans, au prix d'une activité exceptionnelle, il écrit une oeuvre considérable tout en menant un combat politique intense.
Après la révolution de 1848, il se rallie franchement à la République. Il est élu député des Landes à l'Assemblée constituante, puis à la Législative. Il y siège à la gauche et devient vice-président du Comité des finances. Visionnaire, Frédéric Bastiat a su anticiper dès 1848 les errements qui conduiront à l'effondrement à l'Est des sociétés communistes. Défenseur des " petites gens ", il prend le parti des consommateurs contre celui des spoliateurs.
Il combat le protectionnisme, comme la conquête de l'Algérie. Pamphlétaire, il dénonce chez les " hommes de l'Etat " la soumission aux intérêts privés contre l'intérêt général. Il polémique avec Lamartine, Proudhon, Louis Blanc... Il meurt à Rome le 24 décembre 1850. Il a quarante neuf ans. Cette troisième édition des textes clés de Frédéric Bastiat, dont certains ne sont plus disponibles en France depuis plus d'un siècle, est augmentée de documents nouveaux.
Elle est préfacée par Jacques Garello et accompagnée de la table ronde animée par Alain Madelin lors de sa première édition.
Que deviendraient les vitriers si personne ne cassait de vitres ? Quand il change une vitre, le vitrier gagne six francs. Il s’en réjouit. L’industrie vitrière profite. C’est ce qu’on voit. Mais les six francs dépensés pour réparer cette vitre ne peuvent plus l’être dans d’autres secteurs comme celui de la chaussure, du textile ou de l’édition. C’est ce qu’on ne voit pas. En fait, la société perd la valeur des objets inutilement détruits. Destruction n’est pas profit… L’Etat doit-il subventionner les Arts ? On ne saurait stimuler par le biais de l’impôt donc de l’argent du contribuable les industries du luxe sans léser les industries de nécessité, car toute somme d’argent ne pouvant être dépensée deux fois, ce qui est attribué au théâtre a forcément été pris ailleurs. La subvention qui prive le particulier d’une part de ses possibilités d’échange est-elle au moins efficace ? Les théâtres subventionnés ont-ils des finances équilibrées ? On peut en douter quand on sait que ce sont les théâtres privés, qui ne vivent que de leurs ressources propres, qui ont les meilleurs résultats. Bastiat démontre que le choix, l’impulsion et l’initiative doivent venir du bas, du citoyen/consommateur et non du haut, du législateur/prédateur. Selon lui, il en va de la liberté et de la dignité humaine.
« Ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas » se présente comme un essai d’économie politique clair et d’abord aisé. L’auteur en bon économiste libéral entend démontrer la nocivité des entraves apportées à l'économie réelle. Ses cibles principales sont la subvention, la réglementation abusive et bien sûr le gaspillage de l’argent public pour des projets qui sont bénéfiques en apparence et nocifs en réalité. Cet ouvrage publié en 1879 reste facile et agréable à lire. Les démonstrations de Bastiat sont claires nettes et sans bavure et toujours illustrées par des exemples concrets. Tout ce qui est expliqué n’est finalement que simple bon sens et parfait réalisme. On s’étonne que cet économiste, révéré dans le monde entier, soit si peu connu dans son pays d’origine. En fait, on ne s’étonne plus quand on admet que depuis Colbert et même avant, le dirigisme et le centralisme démocratique ou non ont toujours tenu le haut du pavé. Un classique à lire par tous ceux qui s’intéressent au sujet.
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