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Perdre la musique. Bien plus qu'une douleur, c'est un trou profond à l'âme qui se voit dépossédée de ce qui donnait un sens à l'existence.
On perd la puissance motrice de la vie. On perd le lien avec le visage d'en face. L'autre, si près de vous, assis là, à quelques centimètres, s'est évanoui. L'autre n'est plus de votre univers qui désormais se limite à vous-même et un vous-même voué à l'immobilité.
Fini les voyages par-dessus la terre et les échappées belles depuis son fauteuil, fini les changements de décor et les bulles de fantaisie qui faisaient la niaque aux ronrons du quotidien et aux rigueurs des hivers.
L'absence de musique condamne à n'être que soi-même et seul au monde. C'est le début de l'Enfer : Nel mezzo del cammin di nostra vita mi ritrovai per una selva oscura, ché la diritta via era smarrita.
Une femme perd la musique après l'avoir passionnément aimée. Refusant de céder au caprice de ses oreilles et de sombrer dans le désespoir, elle part à sa reconquête, bien décidée à réinventer le monde.
Ce blanc qui sonne comme un silence, clin d'oeil à l'univers pictural de Kandinsky, est un superbe roman sur la perte et son dépassement et cette « petite musique en soi qui fait danser la vie ».
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