"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C'est à l'écart des bruits du monde, sur une île de l'archipel d'Helsinki, que le célèbre chef d'orchestre Thomas Brander choisit de se faire construire une somptueuse résidence secondaire : la Casa Triton. Triton ou " intervalle du diable ", une harmonie de notes si dissonante qu'elle fut autrefois interdite... Rompu à l'exercice des tournées internationales, Brander fait la connaissance de son voisin Reinar Lindell, guitariste sans talent hanté par la perte de sa femme adorée.
Mais tandis qu'ils s'apprivoisent, leurs différences et leur douleur se font aussi plus prégnantes. Et, derrière la façade distante du grand chef d'orchestre, derrière la chaleur et la sollicitude du guitariste, les hommes luttent en silence contre le passé. Par ce double portrait en miroir et sur fond musical, Kjell Westö raconte l'impossible vulnérabilité des hommes. Une course contre la solitude et une exploration mélancolique des pâles promesses de la vie qui est à venir - sans doute l'un de ses plus grands romans.
Chef d’orchestre de renommée internationale, Thomas Brander a sacrifié sa vie privée sur l’autel de la musique. Toujours entre deux tournées, il n’a jamais pris le temps de trouver son port d’attache, un chez-lui où il pourrait se resourcer entre deux concerts. Aussi voit-il les choses en grand quand il se décide enfin à faire construire une maison. En trop grand même pourrait dire son voisin Reinar Lindell quand il observe l’avancée des travaux de la Casa Triton, une villa, voire un château, en tout cas une construction incongrue sur cette petite île de l’archipel d’Helsinki. A priori Brander et Lindell n’ont rien en commun. Le premier est froid, distant, égoïste, il collectionne les femmes, le second est psychologue scolaire, aime aider son prochain et pleure sa femme trop tôt décédée. Brander est chef d’orchestre et aussi un clarinettiste de talent, Lindell joue de la guitare -mal- dans un groupe amateur, principalement du rock et de la pop. Et pourtant, une amitié va naître entre ces deux hommes si différents. Car si dissemblables soient-ils, ils ont en commun leur solitude et leur recherche désespérée d’un bonheur qui semble vouloir leur échapper.
Deux hommes, une maison, la musique et une multitude de thèmes. Certains universels comme la solitude, l’amour, le deuil, la paternité, le pardon, le racisme, le succès, la vie et d’autres actuels comme l’écologie, les migrants, #MeToo ou le Covid.
En fond sonore, la musique, Ravel ou Brahms, les Beatles ou ABBA, sans oublier la mélodie de Kjell Westö, sensible, mélancolique, tourmentée, parfois discordante comme le triton, cette note du diable qui donne son nom à la maison de Thomas Brander. Un séjour cathédrale pour que la musique s’y épanouisse, un ascenseur pour rejoindre l’étage, une modernité aseptisée devaient faire de cette maison le lieu de rendez-vous à la fois cosy et impressionnant des amis du chef d’orchestre. Mais cette maison de vacances pourrait bien devenir son lieu de vie. Sa carrière périclite en même temps que de plus jeunes chefs d’orchestre prennent leur envol, son nom est éclaboussé par des accusations à caractère sexuel, sa dernière maîtresse le quitte et Brander refuse de voir qu’il n’a plus la flamme. Contrairement à son voisin qui se plie en quatre pour faire durer son groupe amateur. Il n’a pas le talent mais il a le feu de la passion. Même si la musique n’est pas toute sa vie. Il est impliqué dans la vie du village, s’intéresse à l’écologie, au sort des migrants et fait son possible pour aider ses amis.
Ces deux hommes vont se lier d’une amitié qui hésite, se cherche mais finit par être sincère et profonde. Chacun à leur manière, ils sont touchants. Brander qui tente de renouer avec son fils après l’avoir délaissé au profit d’une carrière où chaque jour est un combat pour rester sur le devant de la scène et Lindell qui entretient le souvenir de la femme aimée en niant tout ce qui n’allait pas dans son couple.
Après Nos souvenirs sont des fragments de rêve, roman auquel il fait une petite référence d’ailleurs, Kjell Westö signe avec Casa Triton le roman de la musique qui estompe les frontières. Une exploration touchante du cœur des hommes dans leurs fragilités, leurs doutes, leurs espoirs.
Et petit clin d’œil à la pandémie mondiale. Dans le roman, la vie a repris son cours et masques, gel hydroalcoolique et gestes barrières ne sont plus en vigueur que lors des déplacements en avion. Puisse l’auteur avoir vu juste…
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !