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Philippe Leuckx a le verbe nomade, il nous conduit dans le mystère de chemins invisibles. Il nous donne à voir, à sentir, à rêver. Une émotion se lève dans les hautes herbes de la mémoire. Mais le soir est-il si sûr ?
On ressent une inquiétude malgré l'oiseau si présent, une difficulté à recevoir les séductions de la nature. Le poète est sans force devant la langue de la montagne. L'enfance revient vers lui avec ce père, ce géant qui ensemence ses souvenirs, porte l'immense bleu entre ses mains.
Philippe Leuckx se fait humble (une belle humilité) devant l'immense beauté, son âme est frémissante, il avale les cieux dans une caresse de langue et de verbe. Les voix qui se glissent dans la saison dorée, le délivrent, lui ouvrent des instants de fraîcheur on ose à peine nommer le jour. Souvent ces voix reviennent vers lui pour lui murmurer des messages légers, des voix simples et sages venues de l'autre côté des miroirs. Il parle de la fidélité du ciel qui se souviendra de nous.
Un esprit ailé plane au-dessus des cimes et vient se poser sur l'épaule du rêveur. Leuckx arrache une plume, la taille, la trempe dans l'encre et nous écrit un songe qui se déroule tel un ruban dans la fragilité de l'air. Sa plume voyage, emprunte tous les sentiers de ses visions, tous ses éblouissements. Les paysages s'ouvrent sur sa feuille, l'encre jaillit, caresse le vert de l'herbe, le rouge des fleurs, le gris de l'au-delà.
(Extrait de la préface d'Anne-Marie Derèse)
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