« Il n'y a aucune barrière entre mon corps et l'argent que je tire de son exploitation. On rémunère mon inutilité, n'est-ce pas le meilleur pied de nez que l'on puisse faire à ce système dégénéré ? » Paul, vingt-quatre ans, est un garçon aux aspirations raisonnables : s'acheter un appartement et mener une vie paisible. Injustement licencié, il se retrouve sans ressources, contraint de devenir travailleur du sexe sur les conseils d'un ami. C'est timidement d'abord qu'il entreprend cette nouvelle carrière, avant de se prendre au jeu. Il voit alors ses revenus augmenter de manière exponentielle. À faire ainsi fructifier son « capital rose », Paul satisfera-t-il ses ambitions ? À moins que libéralisme sexuel et voracité capitaliste n'engendrent un monstre... Après s'être attaqué à la menace populiste puis à l'éco-anxiété, Tom Connan poursuit son exploration minutieuse des phénomènes de société et dresse le portrait glaçant d'une jeunesse broyée par l'époque et ses mythes.
Alors qu’il est couvert de dettes, Paul découvre, grâce à son ami Clément, un site d’escorting gay et se lance dans la prostitution. Ses finances s’améliorent instantanément et il ouvre des comptes fonctionnant par abonnements où il poste des photos et des vidéos.
Tout y est décrit, les pratiques sexuelles diverses et variées, le poids de la sphère virtuelle, le regard des gens, les risques du métier.
La vie de cet escort-influenceur est assez intéressante et l’on comprend, avec ce roman, le processus qui conduit à la prostitution, tout en faisant le tour des sites de rencontre et des lieux gays parisiens. Il est d'ailleurs étonnant d’apprendre que ces travailleurs du sexe paient des impôts et des charges sociales pour un métier qui reste au banc de la société.
Avec ce roman témoignage, l'auteur nous montre comment, en prenant la mesure de son « capital rose », on entre facilement dans l’engrenage de l’exploitation de son corps. C’est très révélateur, même si j'ai trouvé dommage qu'il n'ait exploité que tardivement le côté idéaliste et désenchanté de cette génération Z.
En plongeant dans ce milieu des escorts gays, on finit par être gavé de tout ce sexe jusqu’à en faire une indigestion et mon intérêt pour ce phénomène de la prostitution masculine a décru au fil du roman. La fin très sombre m’a paru quelque peu farfelue et laisse une touche amère à ce roman.
Tom Connan porte un regard réaliste sur le sexe tarifé et sa vision de ce monde débridé qui se veut libéré du conformisme m’a semblé assez inquiétante.
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