"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Mon extraordinaire Voltaire
Mon premier émoi littéraire, c’est bien à Voltaire que je le dois. J’avais douze ans ; j’étais assis dans un fauteuil régence, dans le salon cossu d’une grande maison bourgeoise. C’était alors la première fois que je lisais Voltaire, et le hasard m’a fait dénicher un livre dans le grenier intitulé Zadig ou la Destinée. Et instantanément, j’eus une sorte de coup de foudre pour ce conte qui me faisait voyager dans l’entrelacs des possibles d’un orientalisme comparable à celui des Mille et une nuits. Onirisme, merveilleux et ingéniosité d’une écriture toute en formes et en prose suscitaient mon admiration pour ce célèbre écrivain que je ne connaissais encore que de nom mais dont je savais déjà qu’il s’agissait du plus grand philosophe des Lumières.
Zadig ou la Destinée, une Histoire orientale
Zadig ou la Destinée est un conte philosophique de Voltaire, publié pour la première fois en 1747 sous le nom de Memnon. Allongé de quelques chapitres, il fut publié une nouvelle fois en 1748 sous son titre actuel. Cette œuvre est inspirée d'un conte persan intitulé Voyage et aventures des trois princes de Serendip. Le dispositif narratif de Zadig est doté de deux éléments détonateurs : tout d’abord le bonheur du héros est brisé par la trahison de Sémire et Azora (chapitres I et II), qui l’incite à chercher un autre moyen que l’amour pour rester heureux. Ensuite, Zadig est attaché à la reine, d’où la jalousie du roi qui éclate et provoque la fuite du héros loin de Babylone. Outre une intrigue parfaitement construite, ce qui retient l’attention du lecteur et s’inscrit dans sa mémoire, c’est le portrait du personnage principal. Zadig a « un beau naturel fortifié par l’éducation ». Il est jeune, riche, en parfaite santé. Il se conduit avec sagesse dans le monde. Son esprit juste a été développé par les sciences qu’il cultive. Avec tant de perfection, Zadig croit donc qu’il pourrait être heureux. Il ne le sera pas, et d’abord par la faute des femmes. Ce qui l’empêche d’accéder au bonheur le fait raisonner quant à son sort. Héros parfait, il est emporté dans une suite incohérente de malheurs et de bonheurs, épreuves et rencontres servant à l’apprentissage de la vie.
Une source d’inspiration pour mon essai, le conte philosophique de Voltaire
C’est du fait de ses intrigues et de ses personnages que Voltaire méritait qu’un doctorant s’intéresse à ce roman, et plus généralement à ses Romans et contes (lire dans la Bibliothèque de La Pléiade, 1979). C’est en partie de ces études que j’ai tiré mon essai, à paraître prochainement dans une maison d’édition parisienne et dont figure une abondante avant-première sur ce site littéraire. Instrument de plaisir et arme de combat intellectuel, le conte philosophique utilise tous les ressorts du conte et du roman : héros simplistes mais fortement symboliques, schémas actanciels, théâtralisation, réalisme, exotisme, merveilleux, utopie et picaresque. Les héros et les personnages sont donc au centre de la première partie de mon essai consacrée à la définition du conte philosophique voltairien et destinée à positionner le lecteur par rapport au drame et à ses actants. Le réalisme est à la source du conte philosophique de Voltaire qui se veut à la fois parodie, et satire politique, sociale et religieuse. Nous en apporterons la preuve au cours de la deuxième phase de mon essai, et en tirerons ainsi un inoubliable enseignement philosophique.
Un philosophe particulier dans la mémoire collective de tous
François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778) est un écrivain et philosophe français qui a marqué le XVIII° Siècle, ce fameux « Siècle des Lumières » au temps de la splendeur du règne de Louis XIV. Figure emblématique de la philosophie des Lumières, chef de file du parti philosophique, son nom reste attaché à son combat contre le fanatisme religieux, qu’il nomme « l’Infâme », pour la tolérance et la liberté de pensée. Déiste en dehors des religions constituées, son objectif politique est celui d’une monarchie modérée et libérale, éclairée par les « philosophes ». Intellectuel engagé au service de la vérité et de la justice, il prend, sur le tard, seul et en se servant de son immense notoriété, la défense de victimes de l’intolérance religieuse et de l’arbitraire dans des affaires qu’il a rendues célèbres : Jean Calas, Pierre-Paul Sirven, chevalier de La Barre, comte de Lally. Il aura laissé à la postérité une œuvre riche et incomparable qui fait partie de manière incontestable du patrimoine culturel de la France. Cette œuvre littéraire est en effet variée : son théâtre, ses poésies épiques, ses œuvres historiques s’associent à merveille à ses contes et romans, ses Lettres philosophiques, le Dictionnaire philosophique et une importante correspondance formée de plus de 21.000 lettres retrouvées.
Est-il bien nécessaire de faire un résumé des œuvres présentées dans ce livre ? Bon, on ne sait jamais, cela peut être utile.
Candide grandit dans un château en Westphalie, sans doute fils naturel de la sœur du baron de Thunder-ten-tronckh. Il suit avec les enfants du baron, Cunégonde et son frère, l'enseignement du philosophe de l'optimisme, Pangloss. Candide est brutalement mis à la porte le jour où le baron le surprend à embrasser, derrière un paravent, Cunégonde. Livré à lui-même, il vivra des aventures folles, un optimisme fermement ancré en lui.
Micromégas est un géant savant de plusieurs kilomètres de haut qui découvre les hommes et leurs discours.
Zadig est un jeune homme philosophe qui se retrouve à vivre des aventures en Orient.
Evidemment, des trois, Candide est le plus connu, celui qui a fait une grande partie de la renommée de son auteur. Déjà lu et donc relu avec toujours autant de plaisir. C'est un conte philosophique qui s'il semble dépassé par quelques côtés, est toujours d'actualité dans ses diverses dénonciations : la religion dans ce qu'elle a de pire, c'est à dire la surveillance de l'âme et des comportements des gens, mais aussi l'esclavage, lisez ce que dit l'esclave auquel il manque une main et une jambe et que Candide rencontre au Surinam :
"On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe." (p.90)
Ce récit est une suite d'aventures rocambolesques, toutes plus folles les unes que les autres qui donnent à réfléchir sur le sens de la vie humaine, sur ce qu'en font les hommes, sur leur manie de tout salir : "Croyez-vous, dit Candide, que les hommes se soient toujours mutuellement massacrés comme ils font aujourd'hui ? qu'ils aient toujours été menteurs, fourbes, perfides, ingrats, brigands, faibles, volages, lâches, envieux, gourmands, ivrognes, avares, ambitieux, sanguinaires, calomniateurs, débauchés, fanatiques, hypocrites et sots ?" (p.102)
Il y a beaucoup à dire sur l'œuvre de Voltaire et particulièrement sur ses contes philosophiques. Je ne m'étendrai pas sur le sujet par manque d'espace et de capacités et si je me suis un peu attardé sur Candide, c'est parce qu'il est le premier du livre, et puis c'est un tel plaisir que de le lire et le relire... Une très belle idée que cette édition dans la collection La bibliothèque des classiques. Petit ouvrage qui tient dans la poche, belle jaquette, tranches de pages dorées. Deux seuls petits bémols, ouvrage "imprimé en Chine", bon c'est sûrement pour le bas prix et police de caractère assez petite mais le format compact oblige à des choix. En tous les cas, très beaux textes à lire et faire lire et en plus beaux livres (parce que j'en ai deux autres à la maison, Dostoïevski et T. Gautier) que l'on aura plaisir à offrir. Les fêtes approchent...
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