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Lorsque la France perd les Indes en 1763, elle se tourne vers la Guyane pour contrer le monopole hollandais des « épiceries ». Si la girofle est une réussite majeure, d'autres productions n'en intéressent pas moins l'Etat : plantes alimentaires et tinctoriales destinées à l'exportation, mais aussi plantes médicinales et ressources sylvicoles, qu'on espère découvrir dans cette forêt amazonienne qui fascine l'Européen des Lumières. Ainsi la botanique est-elle une science fondamentale pour coloniser la Guyane : ce sont les institutions scientifiques qui développent les projets du ministère de la Marine et cherchent des solutions aux problèmes des planteurs. Les transferts de plantes et d'informations s'appuient sur une « machine coloniale », héritière de Colbert, dont les réseaux s'étendent des Amériques à l'Océan Indien.
Ce complexe politico-scientifique s'articule sur les jardins des plantes locaux. S'y cristallisent les ambitions et frustrations des botanistes, confrontés à des liaisons maritimes peu abondantes ainsi qu'aux pesanteurs de la société coloniale. Une fois arrivés en Guyane, les projets mirifiques conçus en métropole prennent des formes évanescentes. Elles sont d'autant plus insaisissables que le métissage et l'acculturation des pratiques et des savoirs botaniques africains, amérindiens ou européens leur offrent des miroirs aux multiples facettes.
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