"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les images énigmatiques de Jérôme Bosch aiguillonnent l'imagination du spectateur et figurent depuis longtemps parmi les joyaux des principaux musées du monde. On y voit se côtoyer le plaisir et le bonheur, la douleur et le tourment. Aux paysages merveilleux, où les humains cohabitent dans une édénique harmonie avec les animaux et les créatures fabuleuses, s'opposent des visions d'apocalypse traversées de machines volantes qui s'affrontent à la lueur des explosions. Certains chercheurs ont vu dans de telles scènes une anticipation visionnaire des guerres à venir ; d'autres supposent que le peintre a surtout voulu prendre position contre l'Église catholique.
Hans Belting, quant à lui, n'interprète le triptyque du Jardin des délices ni comme un chef-d'oeuvre hérétique, ni comme un règlement de comptes personnel avec les dogmes de l'Église, ni comme une somptueuse illustration du récit de la création. Il voit dans ces panneaux une utopie peinte, enracinée dans l'« esprit du temps », une utopie qu'il met en relation avec les théories humanistes de Thomas More et Willibald Pirckheimer. La question de Bosch était : « À quoi ressemblerait le monde, si le péché originel n'avait pas eu lieu ? » L'auteur, en outre, est parvenu à identifier le commanditaire laïc de l'oeuvre et l'usage auquel elle était destinée.
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