"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une catastrophe a fait s'effondrer une mine. Reclus au fond, protégé in extremis par un wagonnet renversé, une berline, Fernand se remémore sa vie à mesure qu'il approche d'une mort presque certaine.
Crépuscule des années 1960, quelque part dans un pays de fer et de charbon. Une catastrophe a fait s'effondrer la mine. Reclus au fond, protégé in extremis par un wagonnet renversé, une berline, Fernand se remémore sa vie à mesure qu'il approche d'une mort presque certaine. Bloc par bloc, les souvenirs, les visages familiers refont surface : la mère qui n'a pas su l'aimer, le père, mineur lui aussi, qui lui a transmis son amour des jardins, l'oncle et la tante, la bonne gueule de Mario, son copain de toujours. Sans oublier Martha, son unique amour. Prisonnier des ténèbres, Fernand retraverse ainsi son enfance et son histoire, avec pour seul compagnon un drôle d'oiseau. Mais cette nuit abominable ne résistera pas à la force d'une certaine lumière, ni à l'espoir d'une renaissance.
Tout en scrutant l'enfermement physique et les carcans intimes,
Berline est une évocation sensible, ainsi que réaliste et poétique, de la vie des mineurs de l'Est de la France, pour beaucoup venus de l'immigration italienne. Vibrant sans jamais être misérabiliste, écrit avec une simplicité qui pourrait être l'autre nom de la pudeur, ce premier roman d'une grande justesse parvient à extraire de sa noirceur de nombreuses pépites de lumière, de tendresse et d'humour.
À la suite d'une explosion, Fernand est coincé au fond de la mine, le corps en morceaux. Le silence, la nuit, la claustration, la faim et la soif le tourmentent.
Paradoxalement cet enfermement dans les entrailles de la terre est presque une chance pour ce jeune homme qui n'a jamais le temps, harassé par le travail, de se poser pour réfléchir.
Aidé par un oiseau imaginaire sorti de son esprit, il fait le bilan de sa courte vie en laissant les souvenirs affleurer : la froideur d'une mère dévastée par la mort d'un enfant un an avant sa naissance ; la gentillesse taiseuse d'un père ; son premier amour ; son amitié pour Mario le costaud alors que lui est surnommé « l'allumette » ; les mantras fatalistes de la mère (« les pas le choix, les la vie c'est comme ça, les on n'y peut rien changer ») ; la tendresse des grands-parents, de l'oncle et de la tante ; la solidarité entre les mineurs...
Dans le huis clos ténébreux de la mine, les rêves de Fernand sont peuplés de couleurs ; celles des yeux de Martha, celles des champs de blé, celles de l'océan qu'il n'a jamais vu pour « troquer les gris des cités minières contre le bleu atlantique »...
Avec une grande justesse dans la narration, Céline Righi, qui signe un premier roman aux accents lyriques et nourri de métaphores, fait le récit poignant d'un garçon conditionné par son milieu dont il n'a pas osé s'affranchir.
Sa solitude forcée l'encourage, s'il sort du trou où il est bloqué, à aspirer à la plus grande des libertés, la liberté de choisir une autre existence que celle qui est toute tracée. Pour retrouver enfin le goût de vivre.
Son portrait sensible incarne le destin des immigrés italiens qui ont servi de bras dans les mines de l'Est de la France et plus largement de tous ceux qui ont trimé sous la terre au péril de leurs vies.
EXTRAITS
« Allumette », une trouvaille de la mère qui ne manquait jamais d'imagination quand il s'agissait de lui esquinter le cœur.
Ça avait toujours été comme ça, chez eux on se transmettait la mine de père en fils, comme un flambeau.
Dans la mine, sous la peau et dans l'âme, la nuit persiste.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-berline-celine-righi-les-editions-du-sonneur/
Dans le Nord de la France dans les années 60, suite à l'effondrement d'une mine, Fernand est coincé sous une berline. La berline, c'est le petit wagon que les mineurs utilisent pour déplacer le charbon. Emprisonné dans ces ténèbres, il essaie tant bien que mal de survivre et pour éviter de sombrer dans la mort, il se remémore des moments de sa vie : sa mère, froide et rude, incapable de lui témoigner des marques d'amour ou de tendresse, son père un homme travailleur, mineur lui aussi, doux et discrêt, pour qui il a un amour profond, son ami et collègue Mario, une grande gueule attachante, la belle Martha dont tous les deus sont amoureux, Gino, le patron du bar mais aussi sa tante et son oncle qui lui apportent tout l'amour et la tendresse dont il manque.
Sa vie est rude, il aurait voulu qu'elle soit différente mais ici on ne discute pas, on travaille à la mine, comme le père et le grand-père avant lui, pas de discussion possible, alors que lui aurait voulu être jardinier, travailler les plantes et les couleurs plutôt que de vivre et respirer du noir tous les jours.
Avec une plume poétique, douce et enrobante, Céline Righi évoque les ténèbres et la fatalité d'une vie entièrement vouée au travail et nous offre un premier roman très réussi, un hommage à ces hommes usés par le labeur... Un véritable coup de coeur!
La langue est belle, l'histoire est profonde et pleine de tendresse et les personnages touchants.
Une écriture à bagout, une pulsation, ça tape, fort, droit, intense
"L'histoire s'effondre là"
Un rythme cadencé phrases courtes entraînant une mélodie un rock minier
Les mots happent les mots claquent droit au but mais les mots toujours pile bon endroit
Un régal de lecture qui donne envie de déclamer fort et loin
Le phrasé gras mais tendre
Une histoire d'enfance et de choix impossible parce que la famille transpire aux décisions. " la culpabilité est un ciment des plus résistants, et il en était tartiné depuis sa naissance" le Fernand.
Ne pas s'opposer ne pas contrarier suivre la lignée mineur de père en fils " comme un flambeau".
"Pas le choix, pas le choix, pas le choix. Ta gueule, l'oiseau ! Pas le choix, tu parles. C'est juste le courage qui lui avait manqué. "
Pourtant pas loin la "voix muselée" aurait pu éviter le trou "le noir d'encre".
Pour ne pas vivre la vie des autres affronter le manque d'amour de considération et vaille
Le corps déchiré, la bouche sèche dit l'attente : la mort ou l'espoir peut être de sortir du noir meilleur
Voici encore une belle pépite publiée aux éditions du Sonneur !
Il s’agit d’un premier roman, assez court (119 pages) qui évoque la vie dans les mines à la fin des années 60 et plus précisément celle d’un homme, Fernand, dont la mine vient de s’effondrer sur lui. Il est bloqué sous une berline, plongé dans le noir et blessé. Va-t-il survivre ?
Le roman est composé de 14 « blocs » ou chapitres dans lesquels Fernand se remémore son enfance, sa famille, les quatre cents coups avec son ami Mario, Martha (celle qu’il aime).
Il décide de faire comme Mario lui a toujours conseillé, choisir les bonnes pommes plutôt que les pourries, les bons souvenirs plutôt que les mauvais.
Mais on comprend vite que l’enfance de Fernand a été marquée par un événement dramatique dont ses parents ne lui ont pas parlé et que sa tante lui révèle. Cet événement a plongé la mère dans une sorte de dépression, incapable de montrer un peu d’amour et de douceur à son fils. Quant au père, il est bon, mais n’ose pas affronter la mère. Il passe beaucoup de temps dans son jardin.
Fernand refuse de travailler à la mine et d’y descendre comme le font depuis des générations les hommes de la famille. Il rêve d’une autre vie mais le destin et le manque de courage de Fernand le mènent dans la mine. Que fera-t-il s’il s’en sort ? Osera-t-il changer de vie ?
Un roman sur l’enfermement dans tous les sens du terme. J’ai mis une trentaine de pages avant d’entrer dans le livre et d’être happée par l’écriture de Céline Righi. Le style est parfois sec, allant à l’essentiel, provoquant des émotions. Le roman oscille entre humour, tendresse et poésie. Bref une voix que je n’avais pas encore entendue en littérature et que je suis ravie d’avoir découverte.
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