"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il s'agit du troisième tome d'une trilogie commencée avec Soifs et poursuivie par Dans la foudre et
la lumière.
Les trois livres, comme la plupart des romans de cet auteur, sont conçus comme de véritables
polyphonies, plus que comme des intrigues résumables. Ici, au début se trouve Ashley, dit
« Petites cendres », danseuse de cabaret qui se travestit (c'est un homme) et se prostitue. Puis,
Lazzarro et ses parents, et d'innombrables personnages dont les destins se croisent non seulement
entre eux, dans un milieu interlope d'adolescents et de jeunes adultes fragiles, mais avec ceux
d'autres personnages de l'Histoire (Marie Curie, Chateaubriand, Benjamin Britten, Messiaen, Kafka,
Radiguet, Walt Whitman, Ibsen, Mary Cassatt, Dostoievski) sur fonds d'événements historiques (la
Shoah, Cuba, le Sida). Au centre du récit le jeune Agostino, comme l'Emmanuel d'Une saison dans
la vie d'Emmanuel, est le réceptacle de tous les désastres. Peintres, musiciens, poètes,
photographes, chorégraphes multiplient les regards égoïstes ou généreux sur le monde. Ils se
sentent le plus souvent impuissants face à sa destruction qu'ils fuient dans l'alcool ou la drogue,
parfois l'amour, ou plus souvent, le sexe. Le monde lui-même explose, spatialement et
temporellement, puisque ce récit très contemporain se projette souvent dans le passé ou dans
d'autres continents (l'Afrique et la Chine, entre autres, mais aussi l'Iran ou l'Amérique du Sud,
Uruguay, Colombie...). Cette vaste symphonie met en scène une cinquantaine de personnages
traités presque à égalité et est écrite en très longues périodes avec très peu de points. C'est aussi
une réflexion sur les guerres, les racismes, les sexismes, la création artistique, les perversions
familiales, les dérives, les désirs, les délinquances : tout s'entremêle dans un élan lyrique, très
intense et enchevêtré, mais jamais confus. Il faut seulement prendre le temps de suivre la
respiration intérieure du style et la vision globale que Marie-Claire Blais a de l'humanité et de
l'Histoire, à travers un filtre pessimiste, nocturne, mais aussi imprégné d'amour et de compassion,
sur un monde dominé par les tyrannies et les terreurs.
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