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« Pour devenir un parfait philosophe, il me manquait surtout une passion, à la fois profonde et pure, qui me fit assez apprécier la partie affective de la nature humaine » note Auguste Comte dans ses « Prières quotidiennes » rédigées peu après 1845, cette « année sans pareille » au cours de laquelle il rencontre, fréquente et voit disparaître Clotilde de Vaux à laquelle il voue un amour éperdu. Cette relation aussi profonde et intense que physiquement éphémère ne bouleverse pas seulement la vie privée du fondateur du positivisme. La découverte du rôle prépondérant de l'affectivité dans les relations humaines et sociales infléchit de manière définitive la doctrine positiviste dont la nouvelle devise devient L'amour pour principe, l'ordre pour base et le progrès pour but. L'édifice théorique qu'est le Système de politique positive développe l'idée d'un « nouveau pouvoir spirituel » qui prendra la forme d'une « religion de l'Humanité » à laquelle l'ordre et le progrès doivent être subordonnés, de même que l'esprit au coeur.
Ce numéro explore sous différents angles les implications de cet infléchissement majeur à l'oeuvre dans la philosophie positive, et sa complexe actualité.
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