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Il faut d'abord écouter une ou deux pièces musicales d'Arvo Part avant de lire cette lumineuse évocation de son oeuvre. Perpetuum mobile, Für Alina et le Magnificat qui ponctuent sa lente mais sûre évolution depuis le dodécaphonisme et le sérialisme très en vogue dans les années 60 jusqu'à la révélation en 1976 du «Tintinabulum», musique a la fois imprégnée du plaint-chant grégorien et des chants orthodoxes aux inlassables superpositions, là où trois notes font éternellement retour sur un fond de résonances qui, au fil d'un chromatisme subtil et lumineux , semblent étirer le temps a l'infini. Il fallait toute la sensibilité et le style tout en nuances de Julien Teyssandier pour traduire en mots et en images la longue quête spirituelle du compositeur estonien, né en 1935, qui, après s'être dépouillé des influences les plus évidentes, entre haute technicité occidentale et censure post-sovietique, choisira le chemin de la mise en retrait puis de l'exil pour renouer avec les voix natives du silence et du mystère sacré. Julien Teyssandier se glisse tout entier dans les traces d'Arvö Part pour mieux découvrir l'étendue de l'envoûtement qu'exerce sa musique sur ceux qui l'écoutent et en perçoivent le message immuable et bouleversant. Ainsi, tour à tour, le sentiment d'une beauté éternelle éprouvé à Tallin le temps d'un été, la poésie fantomatique de l' histoire d'amour éphémère vécue avec Jaanika, sa confidente bientôt disparue, le bleu marmoréen de la Baltique, le soleil presque blanc de l'Estonie viennent se superposer comme les voix du choral inouï d'Arvö Part à la mémoire bienheureuse du musicien, figure de la réconciliation finale avec soi et le monde après un long passage d'épreuves. Chatoyant et contenu, le texte de Julien Teyssandier oscille au-dessus d'un fragile partage des eaux : encore habité par le musicien qu'il s'efforça d'être et chaque jour plus hanté par l'écrivain qu'il devient l'auteur rend alors au silence d'Arvö Part les honneurs de celui qui sait qu'il doit d'abord se retirer au désert de l'écoute et de la méditation avant de récolter les fruits de la création. Car Arvo Part demeure bien celui qui a fait passer les mots - ceux de la prière - avant leur écho : la sainte musique.
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