La vie se vit imprévisible. Celle de Guy Labertit balbutie près du port de Bordeaux. Le port de la lune, aujourd'hui patrimoine mondial de l'Unesco, s'est nourri du trafic des esclaves. Port négrier, il devient un des poumons de l'empire colonial vers l'Afrique, la Caraïbe, l'océan Indien le Pacifique. Dans les années 1970, le campus cosmopolite de la ville est le reflet de ce passé. Passé ? Pas si sûr quand on vit aujourd'hui la lutte du peuple kanak dans le Pacifique, l'abrogation du droit du sol à Mayotte, département français arraché à l'ensemble des Comores. Pas si sûr quand la France doit retirer ses troupes du Sahel dans une Afrique qui remet en cause un franc CFA, vestige financier du temps des colonies qui contribue à bloquer son développement. C'est sur ce campus qu'il partage avec des étudiants d'Afrique et de la Caraïbe, les aspirations des peuples qui ne veulent plus voir leur Histoire confisquée par la France et les anciennes puissances impériales. Ces actions de solidarité internationale prélude à son engagement politique qui le voit notamment fréquenter Thomas Sankara, Jean-Marie Tjibaou, éclairs dans les cieux d'Afrique et du Pacifique. Cette vie est celle d'une génération de tous les continents, gonflée d'espoirs après l'explosion de mai 1968. Elle veut réparer un monde fondé sur la domination des puissants. Une vie de convictions qui a fait de lui une sorte l'OVNI dans l'univers politique d'une France où se tapit encore souvent dans le coin des têtes une mentalité coloniale.
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