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Le 7 mai 2017, Emmanuel Macron l'emportait avec 66 % des voix face à Marine Le Pen. Ce deuxième tour s'était joué en bonne partie sur la question européenne : lors du débat qui l'a précédé, la candidate d'extrême droite était apparue incapable d'expliquer en quoi la sortie de la monnaie unique qu'elle proposait pouvait être profitable au pays. Tandis qu'Emmanuel Macron parvenait au contraire à convaincre que non seulement nous avions intérêt à rester dans l'euro et dans l'Union, mais que nous pouvions aussi les changer pour en faire (enfin) une "Europe qui protège" ses citoyens. On allait voir ce qu'on allait voir : lui ferait bouger les lignes à Bruxelles. Résultat : deux Français sur trois lui ont finalement accordé leur confiance, ce qui était loin d'être gagné.
Et en septembre dernier, avec son discours de la Sorbonne, Emmanuel Macron rappelait solennellement le caractère pour lui central de cette ambition européenne. Mais un an après son élection, ses grands projets européens paraissent sérieusement enlisés. Le Brexit, l'attitude imprévisible de Donald Trump, l'agressivité de Recep Tayyip Erdogan et de Vladimir Poutine ou encore la menace du changement climatique plaident certes en faveur d'une Europe plus intégrée. Mais d'autres circonstances ont été moins favorables, notamment la formation très longue du nouveau gouvernement allemand et les fortes incertitudes italiennes.
Emmanuel Macron s'est aussi tiré une balle dans le pied. Pour accroître sa crédibilité auprès de ses partenaires, il voulait en effet démontrer sa capacité à réformer la France dans le sens libéral souhaité par Berlin et Bruxelles, avant de leur demander de réformer l'Europe. Sa façon autoritaire de mener ces réformes suscite cependant des conflits de plus en plus vifs. D'autant que sa volonté affichée de demander plus de social et de solidarité en Europe tout en en préconisant moins en France paraît difficilement compréhensible. Au final, ces "réformes" affaiblissent sa position au lieu de la renforcer. Pourtant, l'urgence européenne est plus que jamais là - les Français sont loin d'être les seuls à rejeter l'Europe actuelle - et l'échec n'est pas permis : s'il veut vraiment faire bouger les lignes en Europe, Emmanuel Macron doit changer de stratégie et cesser de brutaliser ses concitoyens.
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