"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"La malentendue", un titre intrigant. On se demande si on a bien lu, alors on lit une deuxième fois, et là on accroche : qu'est-ce qu'il signifie, ce titre ? Plus que la couverture, c'est lui qui m'a donné envie de me plonger dans ce roman ayant obtenu le prix de l'héroïne engagée.
Une histoire de femme battue, on pourrait dire malheureusement comme tant d'autres bouquins, et pourtant on s'y plonge avec curiosité. Ce nombre "80 %" m'a marquée, 80 % de plaintes pour violence classées sans suite, une abération.
Ce roman fictif, et pourtant si proche de la réalité, relate le parcours d'une femme à qui tout réussi et qui se retrouve confrontée à la violence conjugale. Page après page, elle s'installe, insidieuse et vicieuse. On est spectateur de la montée en puissance du pouvoir du mari sur sa femme.
Yolaine Destremau a une écriture fine, percutante avec de légères longueurs descriptives, mais qui reste très agréable à lire. J'ai aimé découvrir le quotidien de cette victime parfaitement imparfaite, cette flamme féminine qui se consume dans l'amour pour ne devenir plus que le firmament d'elle-même. Un firmament qu'on espère ne jamais voir s'éteindre et pourtant on retient notre souffle à chaque crise conjugal.
Un roman court, efficace, qui marque les esprits de part son thème avec une héroïne de tous les jours qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page.
Il n'y a pas un profil type de femme, victime de violences conjugales. Cécilia pense indéniablement le contraire car elle répète et elle se répète constamment qu'elle n'est pas une femme battue. Elle n'a pas le profil : "Pas moi".
Et pourtant, elle est allongée sur un lit d'hôpital avec de multiples fractures, côtes fêlées, coupures. Oui MAIS : c'est une brillante avocate. Elle a les ressources pour vivre seule. Elle pense savoir ce qu’elle a à faire, à dire, pour ne pas subir un mariage perverti.
Dans ce roman maîtrisé, Yolande Destremau dresse le portrait d'une femme oscillant entre déni, peur et détresse... Comment échapper au cycle de la violence ? Jusqu’où peut-on s'arranger avec la réalité ?
C'est un petit récit court, percutant, bouleversant. Le lecteur/lectrice se révolte plus vite que l'héroïne car c'est insoutenable de se sentir par procuration cabossé(e), meurtri(e), bousculé(e) au fil des pages.
On ne frappe pas par amour.
Cecilia rencontre Abel alors qu'elle fait des études de droit elle veut être avocate. Elle réussit le barreau, entre dans un cabinet. C'est une avocate appréciée. Ils se marient assez rapidement. Abel à un emploi dans la banque. Contrairement à leur bande d'amis, ils s'installent, ont une vie d'adulte très vite. Ils sont amoureux, admirés, enviés pour leur amour et leurs succès.
Mais l'illusion s'écroule par à-coup pour Cécilia, Abel change se révèle colérique et critique envers Cécilia et son entourage. Il les isole. Il devient violent. Il déstabilise sa victime en ayant des comportements très différents. Il est violent physiquement et psychologiquement.
Abel veut des enfants et Cécilia se dit que les changements d'humeur partiront il y a toujours une excuse.
Elle se retrouve terrorisée, prise au piège. Elle, si décidée et battante dans son rôle d'avocate, est démunie face à son mari. La victime devient même complice de son bourreau. C’est un personnage en détresse qu’on a du mal à voir comme une femme battue avec son tailleur, son chignon et son élégance.
L'autrice nous plonge dans la vie d'une femme victime de violence conjugale. Les scènes sont oppressantes.
C'est décrit de manière très habile. Il y a un équilibre machiavélique et déroutant qui donne toute la justesse à cette histoire saisissante.
C'est révoltant, choquant, totalement effrayant. C’est avec délicatesse, par contraste avec la violence de l’histoire, que l’autrice nous enfonce dans la tourmente de Cécile. Une lecture de laquelle on sort sonné et déstabilisé.
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