"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Moscou est décimé par une épidémie. Dans un monde où l’électricité, le téléphone, Internet n’existent plus, Anna, les siens et un petit groupe de voisins et amis, décident de partir pour trouver refuge au bord d’un lac, loin de tout.
Mais l’homme est un loup pour l’homme et ces conditions extrêmes vont révéler le meilleur et le pire de chacun des personnages. Un seul mot d’ordre : survivre.
Inutile de dire que ce roman fait réfléchir. Comment réagirait-on, nous, si cette catastrophe arrivait ? La dépendance de certains aux technologies modernes pourrait s’avérer un sacré handicap dans ce retour forcé à la nature dans toute son hostilité, sa splendide solitude, sa cruauté. A méditer…
Après deux premiers romans très réussis et très aboutis (« Vongozero » et sa suite « Le Lac »), la romancière russe Yana Vagner revient avec un troisième ouvrage, qui n’est en rien la suite des deux premiers, mais qui reprends plus ou moins les mêmes thèmes : le huis-clos, la tension psychologique qui va crescendo, les egos qui se télescopent. Neuf quadragénaires russes assez fortunés et modernes (ici, on dirait des « bobos », même si j’ai horreur du terme), amis depuis 20 ans, s’apprêtent à passer une semaine de vacance dans un hôtel d’altitude réservé rien que pour eux, dans un pays d’Europe Centrale. La première nuit, un meurtre est commis et dans la foulée, une tempête de glace coupe le courant et isole complètement l’hôtel, qui n’est accessible que par téléphérique. Pendant une semaine, le petit groupe d’ami doit cohabiter en sachant que l’un deux est un meurtrier, les tensions, l’alcool, les non-dits et les souvenirs douloureux menacent de faire exploser violement ce groupe d’amis en apparence soudé, mais en réalité complètement gangréné de l’intérieur. C’est une déception que ce roman, indubitablement, Yana Vagner n’a pas réussi à composer des personnages aussi attachants que dans « Vongozero », et le récit devient vite difficile à suivre. De nombreux flash back arrivent et repartent sans transition aucune, le récit semble décousu par moment et il faut l’avouer, un certain nombre de digressions s’avéreront au mieux trop longues, au pire superflues. Cette semaine de huis-clos est interminable pour la groupe comme pour le lecteur, ils se battent, se disputent, se rabibochent, mangent peu mais boivent beaucoup trop, se souviennent, veulent oublier, taisent l’essentiel pour mieux déblatérer sur des détails, on n’en voit pas le bout… Tous assez antipathiques, pour peu qu’on arrive à les cerner en étant capable de ne pas les confondre entre eux, les personnages ont certes de la profondeur mais cela ne suffit pas à susciter l’intérêt. Le mobile et le coupable du crime semble passer au second plan et même lorsque l’intrigue se dénoue dans les derniers chapitres (dans un feu d’artifice trépidant, comme il se doit), le soufflé retombe vite et on reste un peu désemparé devant une fin sans morale, où les victimes deviennent des coupables et les coupables se comportent en victimes. Tout cela donne un (trop) long roman à l’intérêt limité, qui ne laisse pas un souvenir fort comme « Vongozero » ou « Le Lac » m’en avait laissé un. Déception…
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