"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Il était sous terre. On l’avait enterré vivant ». Un prologue qui me met de suite dans le bain, je devrais plutôt dire, six pieds sous terre. OK, le narrateur Duran s’exprime, c’est donc qu’il s’en sort.
Retour en arrière. Duran et son ami Ruben, ingénieur tous les deux, mal payés, montent un trafic d’installations informatiques clandestines… Jusqu’au jour où « cela leur pète au visage ». Nos deux amis sont incarcérés dans des prisons différentes ; Duran au Combinado del Este de Cuba où un prisonnier, à son arrivée, lui fait une recommandation qu’il suivra « N’accepte rien de personne. Ni sucre, ni eau, ni vêtement, ni clope, ni came. Rien. Si tu acceptes une fois, ils finiront par te demander un truc en échange, et en général ce sera ton cul, tu piges ? ». Sa vie est en suspend car le caïd du bloc qu’il a malmené, le mot est faible, va sortir de l’hosto et lui faire la peau… Foi de caïd
Sorti de prison par la grâce d’un heureux hasard mais il y a-t-il vraiment de heureux hasard ? Duran retrouve son vieil ami Ruben qui, lui aussi devrait être sous les verrous… le revers de le médaille arrive vite. Ils ont été recrutés pour s’occuper de la partie électronique et sécurité d’un casse.
Le contrat rempli, rien ne se passe « normalement » et c’est ainsi qu’il se retrouve dans une tombe, plombé, protégé par le cadavre de son ami Ruben.
Une fois sorti du trou, vous pensez bien que Duran ne va pas rester les bras croisés et, c’est ainsi que commence une chasse aux responsables, aux f… de p… qui se sont joués d’eux. S’engage une chasse à l’homme furieuse haletante et pétaradante, jusque dans un bidonville détruit par les forces de police.
Ce polar met l’accent sur le système carcéral, policier, étatique gangréné, gagné par la corruption…. Vu leurs salaires, ils se font des petits à-côtés très rémunérateur bien que potentiellement dangereux.
Vladimir Hernandez décrit une île qui n’a rien de paradisiaque où les cubains vivotent, survivent et où les gros s’empiffrent et s’en mettent plein les poches. Je me pose une question à ce sujet, le livre est-il autorisé à la lecture sur l’île cubaine ? Permettez-moi d’en douter.
Je n’ai pas pu lâcher ce livre une fois la première page tournée. Je n’ai jamais eu le temps de souffler et la violence n’est pas suggérée, loin de là, c’est du concret, du réel, de la vengeance qui, ici, n’est pas un plat qui se mange froid malgré les buffets froids qui jalonnent la route de Mario Duran.
En toile de fond, la vie quotidienne, économique, historique cubaine déjà rencontrée dans le livre de Guiomar de Grammont « Les ombres de l’Araguaia ».
Un polar aussi tonitruant que la Harley Davidson de Ruben, rude comme le rhum cubain, roulé comme un cigare. Un polar bien écrit, original, vif et brûlant.
Duran et Ruben sont deux amis. Ils améliorent leurs fins de mois en trafiquant des accès internet, mais sans le savoir, ils ont vendu un de leurs accès frauduleux à un groupuscule surveillé par la sécurité de l'état. Ils sont condamnés à 7 ans de privation de liberté pour malversation et détournement de biens publics.
Il reste à Duran cinq ans et demi à purger et pourtant le conseiller pénitentiaire lui annonce qu'il va bénéficier d'une liberté conditionnelle. A sa sortie il retrouve Ruben qui lui aussi a eu une remise de peine. En fait Ruben a signé un pacte pour les faire sortir du trou, la liberté en échange de leur participation à un casse.
Seulement Duran se retrouve enterré vivant, Ruben est étendu à côté, il a pris une balle dans la poitrine et une autre lui a arraché le visage. Dans les yeux de Duran il y a la rage de retrouver ceux qui les ont trahis, il ne va pas hésiter à leur coller une balle au milieu du front et éclater leur tête comme un melon…
Un chasse à l'homme impitoyable dans les rues de la Havane, des chapitres courts, un rythme effréné. La taule, ses caïds, les bagarres sous l’œil bienveillant des gardiens, les règlements de compte. Les bidonvilles, regroupements d'habitations minables, pas d'électricité, pas d'eau courante, pas d’égout. Les courses poursuites, virages brusques, accélérations et les gros calibres qui arrosent tout ce qui bouge. Voilà tout l'univers de ce roman noir, autant dire que le lecteur ne s'ennuie pas une seconde.
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