"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Difficile de trouver les mots après une telle lecture. Un seul adjectif me vient : bouleversant. Cette histoire est de celles qui vous marquent profondément. Une de ces histoires qui, même après l’avoir terminée, vous hante, et à laquelle vous repensez avec un petit pincement au coeur, triste de l’avoir déjà finie.
Billie, la protagoniste de la diégèse, est une femme simple, avec ses qualités et ses défauts, à laquelle il est facile de s’identifier. Mère de deux enfants qu’elle n’a pas portés, mariée à un homme qu’elle n’aime pas, son histoire nous touche à travers son horrible, affligeante banalité de l’époque.
J’ai aimé sa force et son incroyable espoir, la beauté de ses sentiments et la poésie de son langage, sa façon de présenter les choses. J’ai été émue de son destin, et plus encore de celui d’Eva. J’étais révoltée pour elles, incrédule de considérer cette histoire pourtant réaliste d’une époque heureusement bien éloignée de la mienne ! Car qui pourrait encore supporter de vivre dans un tel climat d’intolérance ? Dans une société acceptant que l’on se fasse interner en hôpital psychiatrique pour avoir ressenti des « penchants déviants » ? Dans un monde où l’on se fait traiter de « mentalement dérangée » pour aimer quelqu’un du même sexe ?
Un passage en particulier m’a profondément marquée, dans lequel Billie compare son combat à celui des Noirs qui se battaient pour leurs droits. A chacun son combat, avec pourtant les mêmes difficultés… Celles d’une confrontation à des mentalités fermées, doctrinaires, intransigeantes.
L’histoire nous est racontée à travers des ellipses, alternant les bonds dans le passé et les retours au présent. C’est un rythme que j’ai trouvé agréable, et parfois frustrant. Autant l’intrigue du passé avance vite, autant celle de la Billie de 80 ans semble progresser au ralenti.
Je crois que j’étais probablement trop impatiente de découvrir ce que Jonnhy (le fils d’Eva) avait tant besoin de confier à Billie. Même si finalement, j’ai compris toute seule…
Une chose tout de même m’a chagrinée dans ce beau roman : l’absence de manifestation explicite de la réciprocité des sentiments. Si Billie, notre narratrice, nous transmet à travers le prisme de ses souvenirs la sincérité de son amour, difficile d’en dire autant d’Eva.
Eva est un personnage que j’ai trouvé distant, presque dur, ce qui a renforcé mon empathie pour Billie. Je me suis sentie rejetée à la place de Billie, alors que le geste final d’Eva efface cette sensation d’indifférence, d’autant que c’est elle qui fut à l’origine de leur histoire. Dommage, j’aurais vraiment aimé qu’Eva soit plus démonstrative, dès le début de l’histoire, quitte à faire intervenir la peur et la honte dans une seconde partie du récit…
En conclusion
Jamais je n’avais lu de roman sur l’homosexualité. Et je n’ai pas vraiment l’impression d’en avoir lu un. Ce que j’ai lu, c’était une histoire d’amour avant tout. Une romance émouvante et peu commune que je vous recommande, en espérant qu’elle vous touchera autant que moi…
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