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Une controverse familiale
Lorsque Léon Tolstoï publie la sonate à Kreutzer en 1889, il est un écrivain reconnu, auréolé du succès d’Anna Karénine et Guerre et Paix.
Ce nouveau texte fera, lui, l’objet d’une incroyable controverse et non des moindres :
et c’est ainsi qu’en réponse au texte de Tolstoï, sa femme et l’un de ses fils vont écrire un roman.
Mais pourquoi une telle controverse ?
Pour le comprendre, il faut se pencher sur la Sonate à Kreutzer. Ce roman narre comment, à l’occasion d’un voyage en train, un homme écoute le récit de son compagnon de voyage Pozdnychev, qui a tué sa femme qu’il accusait de tromperie. Ce récit d’un homme qui semble aux confins de la folie, a été pour beaucoup l’écho des pensées de l’auteur sur le mariage et les relations conjugales. Afin d’expliciter sa pensée, Tolstoï publia une postface au récit. Pour résumer grossièrement, il prône l’abstinence comme idéal de vie à atteindre dans la vie.
Mais, pour sa femme : « À quoi bon chercher auprès des autres ce que j’ai éprouvé dans mon cœur : cette nouvelle était dirigée contre moi, elle m’a blessée et humiliée aux yeux de tous et elle a détruit le peu d’amour qui subsistait entre nous » et oui, c’est le moment de préciser que la vie de couple des Tolstoï fut loin d’être un fleuve tranquille.
C’est ainsi que sa femme décida de rédiger un roman en réponse à son mari, À qui la faute. Dans celui-ci, on retrouve une femme qui sera tuée par son mari jaloux alors qu’elle n’e l’a pas trompé. Elle reprend de nombreux éléments de la sonate à Kreutzer mais aussi de sa vie de couple offrant dans cette fiction une vision de sa vie conjugale. Elle déplore les appétits charnels de son mari qui semble peu se soucier de jouer d’une union spirituelle entre eux. Elle continuera de développer sa vision dans un autre roman, que l’on retrouve également ici: Romance sans paroles.
On aurait pu s’arrêter là dans le règlement de compte familial mais c’était sans compter sur le fils Léon Tolstoï qui décide dans un court récit de développer sa théorie en opposition à celle de son père : pour lui, il faut se marier tôt pour éviter la tentation. Il célèbre également une union monogame pour éviter la débauche.
Je ne peux que saluer les éditions des Syrtes pour avoir réuni ces quatre récits dans un seul livre. Je conseille de les lire les uns à la suite des autres. Ils se répondent et sont en miroir, en lire un permet de mieux comprendre les autres. Ils offrent une plongée incroyablement intime dans la vie d’un grand auteur et de sa famille.
Même si littérairement parlant, tous les textes ne sont pas au même niveau, j’ai aimé cette incroyable controverse familiale littéraire.
Alors si vous aimez la littérature russe, les livres sur le mariage et le lien conjugal ou les potins, foncez ce livre est fait pour vous !
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