"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
https://lettresexpres.wordpress.com/2018/03/19/sara-novic-la-jeune-fille-et-la-guerre/
Cela faisait un moment que je voulais lire ce roman, qui s'est avéré être une lecture enrichissante sans être trop éprouvante. L'extrême jeunesse d'Ana, sa compréhension partielle des événements, rendent le récit plus sobre et dépourvu d'un pathos que je craignais un peu. L'auteure décrit très bien le contexte, et conserve un équilibre délicat entre les faits de guerre relatés et sa volonté de ne pas prendre parti de façon trop violente. Elle réussit ainsi à conserver la force de certaines scènes essentielles. À côté de ça, je n'ai pas été éblouie par l'écriture, et lui ai trouvé quelques petites maladresses. Quant à la psychologie des personnages, elle m'a semblé parfois un peu sommaire, manquer un peu de nuances. Mais malgré ces quelques marques d'inexpérience de primo-romancière, la force de ce roman est incontestable.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/10/la-jeune-fille-et-la-guerre-de-sara.html
L'histoire commence en Yougoslavie au moment de la guerre civile en 1991.
Ana, une jeune fille de 10 ans aux allures de garçon manqué, vit à Zagreb avec ses parents et sa jeune sœur Rahela qui n'est encore qu'un bébé.
Ana, à qui les adultes n'expliquent rien du conflit sous-jacent avec les serbes, découvre peu à peu l'importance des différences ethniques et va vivre un quotidien marqué par les raids aériens et la course aux abris, le rationnement, les coupures d'eau et d’électricité.
Dans l'innocence de leur jeunesse elle joue avec ses copains à pédaler sur le vélo pour faire fonctionner le générateur dans les abris, ils jouent à la guerre derrière les murs de sacs de sable édifiés dans les rues par la police, simulent la mort, imitent le bruit des mitraillettes.
Ana est inséparable de son copain Lula, un jeune croate de son âge.
Ses parents ne lui disent rien, elle essaie de glaner des informations, écoute aux portes, entend parler de proclamation de l'indépendance de la Croatie, essaie de comprendre ce que veut dire l'expression "une ville est tombée".
Sa petite sœur est très malade, ses parents n'ont pas d'autre choix que de l'envoyer en Amérique par l'intermédiaire d'une association pour tenter de la sauver. Sur place sa sœur sera prise en charge par une famille d'accueil.
Lors du chemin de retour vers Zagreb, Ana et ses parents tombent sur un barrage et le drame arrive...
Nous retrouvons ensuite Ana à 20 ans, étudiante à New-York où elle a caché à tous son passé, s'inventant un passé américain "plus je mentais, plus j'avais le sentiment de m'intégrer". Meilleur moyen pour tourner la page, pensait-elle.
Les attentats de septembre 2001, son témoignage d'enfant soldat à l'ONU, "Combattre n'était pas un choix. Juste un moyen de survivre" vont provoquer le besoin pour Ana de retourner "chez elle".
Ce récit est constitué de plusieurs parties qui s'enchainent de façon non chronologique.
Ce roman n'est pas autobiographique, l'auteure est croate et a recueilli des témoignages pour construire son récit. J'ai beaucoup aimé ce premier roman, les personnages sont très attachants et l'auteure est dotée d'une jolie plume.
Ce texte nous remémore un génocide, une purification ethnique si proches de nous. Les passages sur les enfants soldats sont terribles.
Ce roman comporte peu de faits historiques, ce que j'ai un peu regretté, car le récit est centré uniquement sur le cheminement de cette jeune fille.
C’est un premier roman très touchant et sensible qui aborde beaucoup de thématiques mais sans jamais perdre son fil conducteur. Nous découvrons petit à petit ce qui est arrivé à Ana après la mort de ses parents et pourquoi elle se sent coupable aujourd’hui. Cette lecture est l’occasion d’en apprendre plus sur la guerre de Yougoslavie et les tensions de cette région d’Europe. Et malgré la dureté du sujet, Sara Novic reste très pudique et s’attarde peu sur les rares moments de violence. Ce n’est pas tellement l’objet ici je pense. Le travail de mémoire, personnel et historique, la culpabilité et les choix qui n’en sont pas toujours dans ces périodes de conflit sont ce qui me restent le plus de cette lecture.
J’ai été sensible à l’écriture de l’auteur qui a su trouver le ton juste pour cette histoire. Je me suis plongée dans cette lecture sans aucune attente particulière et je me suis beaucoup attachée à Ana. Aucune longueur dans ce roman qui m’a captivée d’un bout à l’autre. Si vous voulez découvrir un premier roman de la rentrée littéraire, vous pouvez vous tourner vers celui-ci en tout confiance !
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2016/08/21/34186663.html
« Je me suis accoudée au comptoir pour attirer l’attention de l’employé. M. Petrovic me connaissait et il savait ce que je voulais, mais aujourd’hui, son sourire ressemblait davantage à une grimace.
‘’ Tu veux des cigarettes serbes ou croates ? ‘’ La façon dont il avait prononcé les mots serbes et croates n’était pas naturelle. Aux informations, j’avais entendu parler des deux nationalités de cette manière à cause des combats dans les villages, mais je n’y avais encore jamais été confrontée personnellement. Et je ne voulais pas me tromper de cigarettes.
‘’ Est-ce que je pourrais avoir celles que je prends d’habitude, s’il vous plaît ?
- Serbes ou croates ?
- Vous avez, le paquet doré.’’
J’ai essayé de les retrouver dans son bazar, pointant du doigt l’étagère derrière lui. Mais il s’est contenté de rire avant de faire un signe au client suivant, qui m’a souri avec mépris. »
Ana Juric est une jeune croate de dix ans. Elle vit dans la banlieue de Zagreb, entourée de ses parents et de sa sœur Rahela, et passe son temps à jouer au Trg (la « place » en croate) avec son ami Luka. Mais, nous sommes en 1991 : la guerre éclate entre les Croates et les Serbes. Au retour d’une expédition en Bosnie pour déposer sa sœur atteinte d’une insuffisance rénale sérieuse, Anna et ses parents sont arrêtés par une milice serbe. Les parents sont fusillés et Ana y échappe de peu. Cet événement traumatisant met fin à la première partie de ce roman.
Les parties suivantes racontent le quotidien d’Ana, devenue adulte, aux Etats-Unis où elle a été adoptée avec sa sœur. Elle témoigne à l’ONU de son passé d’enfant-soldat mais la blessure reste trop importante pour mener une vie paisible. Elle décide de retourner en Croatie afin de tenter de trouver des réponses à ses questions et angoisses.
Sara Novic livre un premier roman fort où la guerre et ses conséquences psychologiques sont analysées à travers les yeux de l’enfant puis de l’adulte. Comme bien souvent dans les traumatismes de guerre, le processus de résilience passe par le retour à l’origine du mal. L’auteure offre aussi un portrait saisissant des enfants devenus soldats pour survivre : ces passages sont selon moi les plus forts du livre.
Une belle découverte, je vous le conseille.
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