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Le « Parco dei Mostri » ou le « Sacro Bosco » de Bomarzo est aujourd’hui célèbre aux quatre coins du monde. Salvador Dali visita l’endroit et tomba sous ses charmes. Tellement obsédé, il lui dédia un court-métrage, et les sculptures inspirèrent, dit-on, « la Tentation de Saint Antoine », conservée à Bruxelles. Jean Cocteau s’y promena également. Alberto Moravia l’a surnommé « Luna-Park di pietra ».
Mais quel est cet endroit ? En réalité, un grand jardin, si ce n’est un parc, un des plus extravagants que nous a légué la Renaissance italienne. Il est blotti dans la commune de Bomarzo, dans la province de Viterbe. Beaucoup de théories, d’affirmations et de recherches ont tourné autour de l’endroit. Aussi est-ce les mots de l’auteur, Pierre de Filippis, que j’évoque dans ces lignes. Le jardin a été construit par Pier Francesco Orsini dit Vicino Orsini qui en aurait démarré la réalisation vers 1550. Homme de son époque, lettré, nourri de culture classique, il présente clairement de l’intérêt pour l’alchimie. Les jardins ont été probablement dessinés par l'architecte Pirro Ligorio, un des plus grands architectes-jardiniers de l’époque, un maniériste ; il réalisa également les jardins de la Villa d'Este à Tivoli. Le Temple, érigé en souvenir de Giulia, l’épouse de Vicino Orsini,, fut quant à lui probablement construit par Vignole après la mort de celle-ci. Toutes les sculptures, attribuées à Simone Moschino, le furent en étroite consultation avec le seigneur du château.
Et ce sont elles, et non le château, qui ont fait la renommée de ce lieu magique, de ce bois sacré. Elles se révèlent au visiteur lors de sa déambulation au milieu des arbres, en fait, lors d’un parcours initiatique (car Dante Alighieri et Francesco Colonna ne sont pas loin.) Et la plus célèbre est la « Gueule de l’Enfer », un visage grimaçant à la bouche grande ouverte : « l’icône de la mythologie surréaliste de Bomarzo » écrit Pierre de Filippis. Mais le livre fait également la part belle à des monuments qui anticipent les folies des jardins rococo : les sirènes, les sphinges, les titans, la tortue, les monstres, le cheval ailé, le dragon, l’éléphant, les ours et surtout cette maison bancale, prête de s’effondrer. Le tout moussu de verdure.
Les photographies de César Garçon sont d’une justesse imparable, multipliant les points de vue sur une même œuvre, sous les frondaisons d’arbres vénérables. Les notices les commentant nous délivrent les informations nécessaires à la compréhension du symbolisme caché de l’endroit. Comme toujours, cette collection consacrée à « Des Jardins d’exception » aux éditions Ulmer est à la hauteur de sa réputation. Comme toujours, la lecture donne l’envie de voir les œuvres in situ.
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