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« Bergen » relate l'histoire de Maria, 19 ans, jeune norvégienne qui entre en première année de fac dans la ville de Bergen. Maria vit en colocation avec une amie Johanna. Elles se connaissent de longue date et se réjouissent d'entrer à la fac et de partager un appartement. Les deux jeunes femmes travaillent dans une boutique qui vend des draps, afin de payer leur loyer. Elles apprécient les soirées étudiantes et lors de celles-ci, consomment beaucoup d'alcool.
Maria consulte une psychologue car elle est déprimée et découragée. La tristesse la déborde et elle ressent une douleur qui vient de l'intérieur. Elle n'arrive plus à travailler ni à étudier. Les relations qu'elle noue sont très superficielles. Elle fonctionne par automatisme et n'a plus de réelle envie ni d'intérêt pour quoique ce soit. Elle se réfugie dans une consommation d'alcool très importante et se scarifie régulièrement. La relation amicale qu'elle entretient avec Johanna est mise à mal par son comportement.
Le sujet de la dépression chez le jeune adulte est très intéressant mais difficile à traiter dans une BD. La lecture de « Bergen » a fait écho à une précédente lecture sur le même thème « C'est comme ça que je disparais » de Mirion Malle.
Dans « Bergen », j'ai trouvé les illustrations au crayon graphite et au fusain, magnifiques. Elles aimantent le regard du lecteur. La colorisation est pertinente. Le choix du noir et blanc et du travail sur les nuances de gris reflètent bien l'état émotionnel dans lequel se trouve Maria. Le trait tout en rondeur de l'auteure adoucie le sujet un peu pesant. L'auteure utilise des cases de différentes tailles, des pages entières ou des doubles pages qui représentent les paysages hivernaux et l'architecture de Bergen, qui participent à accentuer la mélancolie du récit.
J'ai apprécié cette BD mais je pense que le scénario aurait mérité d'être creusé pour que ce livre soit davantage abouti. Les échanges entre les personnages sonnent un peu creux par moment, notamment celui avec la psychologue qui conseille à Maria, alors que celle-ci lui fait part de son mal-être très important et tient des propos inquiétants, de « manger sain, dormir et faire du sport » pour aller mieux.
J'ai aimé découvrir le travail d'Anja Dahle Øverbye pour ses dessins somptueux et pour les thèmes sensibles qu'elle aborde dans ses romans graphiques (son précédent ouvrage « Sous le signe du grand chien » traite de la violence scolaire). C'est une auteure que j'aurais plaisir à suivre notamment si elle arrive à étoffer ses scénarios.
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