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Pour son premier roman, le valaisan Olivier Pitteloud offre une variation tout à fait convaincante sur le thème de la culpabilité et parvient à installer une ambiance aussi étouffante que les sentiments de honte et de tristesse qui minent les trois protagonistes de son histoire. Parole refoulée, lâcheté, peur d'affronter la vérité... ou comment le silence peut mener à la folie.
Il y a longtemps déjà, dans un petit village des Alpes, Marysa a disparu. C'était un jour de fête, la jeune fille était allée danser, elle n'est jamais rentrée chez elle. Depuis, trois hommes traînent leur poids de culpabilité. Il y a celui qui l'a violée et n'a pu stopper sa fuite ensuite vers le ravin. Il y a celui qui a tout vu mais n'a rien dit. Et il y a le père de la jeune fille, désespéré de n'avoir pas su protéger sa fille, de n'avoir pas su convaincre les gendarmes certains d'une fugue de partir à sa recherche.
Tour à tour, l'auteur se glisse dans la peau de chacun de ces hommes pour mieux explorer leurs pensées, leurs douleurs, leurs renoncements. D'abord ce jeune homme trop sage, insignifiant, manquant tellement de confiance en lui qu'il n'a pas osé dépasser le stade de l'amitié avec cette fille aux yeux noirs qui occupait pourtant toutes ses pensées. Et l'a laissée suivre Ferdi, le beau Ferdi dont les yeux bleus ont séduit toutes les filles, mais qui n'est jamais rassasié. Le beau Ferdi qui ne supporte pas ce soir-là qu'on lui dise non. Enfin, il y a le père de Marysa. L'immigré qui par le regard des autres se sent toujours comme un intrus dans ce village, et qui, vingt ans après, silencieusement, attend toujours de savoir ce qui est arrivé à sa fille. Ce fameux soir, le jeune ami de Marysa a tout vu. Et pourtant il ne dit rien. Il pourrait soulager un peu les parents de la jeune fille du poids de cette ignorance qui les tue mais il n'en fait rien.
Exercice périlleux mais plutôt bien mené, notamment lorsqu'il s'agit d'incarner le personnage de Ferdi grignoté à petit feu par la folie après cet événement qui n'a joué qu'un rôle de déclencheur d'un état déjà latent. Mais la belle réussite de ce livre, c'est son climat, cette ambiance que l'on devine particulière d'un village de montagne, où les sentiments et les paroles sont aussi enclavés que le territoire. La proximité, le paradoxe d'une envie d'ailleurs et de la méfiance de l'étranger, l'attraction inéluctable et ces silences qui tuent plus sûrement que le venin d'un serpent.
Une découverte intéressante ce court roman qui possède une tonalité singulière et réussit à capter l'intérêt et à faire toucher du doigt le lent travail de la douleur qui torture et de la folie qui grandit. Un auteur à suivre, sans aucun doute.
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