"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Nuevo cuatro" est plein de violence, de scènes parfois difficiles à soutenir, d’argot et d’un langage très cru. Mais ces éléments sont loin de constituer un simple effet de style. Ils ancrent le récit dans le réel, cette banlieue souvent vue de manière parcellaire ou caricaturale. Le roman sonne ainsi terriblement juste. Les personnages sont vraiment réussis, aussi bien du côté des héros, comme Henri, ce justicier sur le retour bien amoché par la vie ou encore Brahim, en chef de clan à la mémoire terriblement détaillante, que des personnages secondaires. Tous sont suffisamment développés pour capter l’attention du lecteur, pour le meilleur, mais surtout pour le pire ! Le récit prend le lecteur aux tripes et le tient en haleine à un rythme digne d’une série de type Braquo ou Engrenages, où l’on a l’impression que les personnages font systématiquement les plus mauvais choix possibles pour rendre les situations toujours plus mauvaises. Une plongée impressionnante dans un univers très sombre mais peuplé de personnages lumineux.
Un très bon début, enlevé, original, avec une écriture vive et prenante qui annonce un bon roman. Puis, patatras, l’histoire déraille vers des sommets de vulgarité, de noirceur, de violence imaginaires sans doute, mais plus sûrement, décrivant une réalité augmentée des tares de notre société. Le langage des banlieues qui est utilisé nécessite une traduction intelligible pour le lecteur moyen non initié, casse le rythme narratif et minore un intérêt déjà mince pour les personnages inhumains des ces bandes rivales. La petite digression sur l’écriture inclusive de la fin tombe comme un cheveu sur une soupe bien épaisse, car on n’imagine pas que cela puisse être une réelle préoccupation des protagonistes du roman.
Avis : RENVERSANT
La dédicace montre la revanche et la fierté de celui qui est allé au bout de la question : en serais-je capable ? Oui, ce premier roman de Nicolas Laquerrière porte la marque du jusqu’au-boutisme, de la pression pour marquer les esprits. Et c’est bon ! Noir mais bon.
Henri, comptable à la retraite, a mené une vie tranquille même s’il a pu rendre service aux voyous du quartier, mais le diabète et par suite la perte d’un orteil vont changer la donne. Surtout que Clara, sa jeune voisine, disparaît. Sa quête plutôt que son enquête, au vu des moyens employés, va lui donner un supplément de vie au côté de Souleymane qui travaille pour Brahim, maître du nueve cuatro. Qui gagnera ? Qui sera le plus sanglant ? Qui retrouvera Clara et dans quel état ? Quels nouveaux équilibres se mettront en place dans le 9-4 ? Et Henri, reviendra-t-il à l’hôpital ?
Vous le supputez, la balade dans le 9-4 n’est pas de tout repos. Et je vous le confirme. Ames sensibles, abstenez-vous ! Amateurs de la différence et de la créativité, succombez ! Il y a un tel mélange d’horreur et de bons sentiments que cela en est addictif. Peut-il y avoir une humanité derrière les actes monstrueux qui font une vie ordinaire dans certains environnements ? Et à quoi peuvent bien penser les gens qui vivent pleinement le jour quand la nuit, la violence règne en maîtresse absolue ?
L’auteur ne dénonce pas les horreurs du 9-4, il les décrit froidement et il nous y transporte, nous y laissant les yeux hagards devant tant de brutalité assumée. Mais que fait la police ? On sent bien qu’ici, elle aussi, essaie de ne pas trop sortir la nuit.
Si un petit air de loufoquerie vient colorer le récit avec un crocodile qui a faussé compagnie à son propriétaire, le fond du roman est noir brillant. Une belle réussite pour la lectrice que je suis, plus coutumière des romans historiques, des policiers régionaux et des livres de développement personnel que des romans qualifiés par d’autres de « contes urbains ». Mais après tout, n’ai-je pas eu tout cela en même temps...
L’écriture moderne, assurée et assumée, les chapitres à peine numérotés comme un minuteur qui court, les dialogues forts et pittoresques, les personnages fouillés, la musique en filigrane, donnent un charme particulier à ce qui ne pourrait être qu’un roman noir.
Vous l’aurez compris, si vous voulez découvrir un nouvel auteur pour qui c’est le premier mais sûrement pas le dernier roman, allez voir votre libraire, NUEVE CUATRO vient de sortir.
Je remercie Babelio, les co-éditeurs Harper Collins et Wagram livres pour l’envoi de ce roman en Service Presse.
Ratigny, une ville du neuf-quatre aux mains de bandes rivales qui se partagent son territoire.
Addict au sucre, et au coca, Henri, retraité et veuf, vient d'être amputé d'un orteil et va vers une mort annoncée par le diabète. Quand Clara, la jeune voisine à qui il donnait des cours, disparaît, Henri décide de prendre les choses en main.
Soulayman, dit Soul, qui rêvait de devenir flic, travaille comme recouvreur de dettes pour Brahim, le caïd de Ratigny ouest ; la faute à une anomalie cardiaque qui peut le tuer à tout moment et l'a fait recaler à la visite médicale des candidats policiers.
Par hasard, Henri tire Soul d'un mauvais pas, et les deux décident d'associer leurs talents pour rechercher Clara...
La lecture du roman de Nicolas Laquerrière m'a rappelé le roman Aux animaux la guerre de Nicolas Mathieu : dans des univers assez glauques, abandonnés à eux-mêmes par les décideurs, des laissés-pour-compte se rebiffent, pour le bonheur ou le malheur d'une jeune femme.
La plume de Laquerrière est sans doute encore un peu trop maladroite, un peu plus lourde que celle de Mathieu. Il plante le décor à grands coups de pinceaux, de chapitres qu'on pourrait sans doute alléger. Cela ne facilite pas la lecture.
Mais on s'attache à ses personnages principaux, du don Quichotte de banlieue au vieux truand qui perd la mémoire, en passant par tout l'arc-en-ciel qui va du délinquant potentiel au truand sans pitié. Une belle galerie de portraits plongée dans un univers presqu'impitoyable, mais pas totalement... Dommage que cela soit gâché par des seconds rôles à la violence insoutenable.
Le résultat est un tableau noir, très noir ; sans doute trop noir et trop violent pour être représentatif du nueve-cuatro ; même les villes les plus dures du département ne s'y reconnaîtront sans doute pas.
Merci à Babelio et aux éditions Harper Collins de m'avoir permis de découvrir l'auteur et son roman.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2022/03/31/nueve-cuatro-nicolas-laquerriere-harper-collins-trop-noire-banlieue/
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