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Ce livre est une perle rare ! Une perle à la sauce acide, subversive. Plantu brosse un portrait admiratif de Nadia Khiari « Au début, beaucoup de ses admirateurs pensaient que c’était un homme. En fait, ils ont découvert une femme. Et quelle femme ! En 2013, emportée par l’élan des révoltes arabes, Nadia est allée en Libye. Elle avait l’habitude de taguer les murs en Tunisie, alors elle est partie taguer à Benghazi !… Oups, c’est là que j’ai compris qu’on avait affaire à une sorte de Louise Michel, porte-parole de la société civile tunisienne… Et porte parole des femmes »
Oui, une sacré belle personne qui, comme le prix qu’elle a obtenu a « des couilles au cul ».
Willis est né le 13 janvier 2011 lorsque Ben Ali quitte le pouvoir, le printemps tunisien est là avec tous ses espoirs, des comités de quartier s’organisent et Willis me fait le dessin de sa barricade, très cosy !
Le livre se déroule sur les dix années et chaque année s’ouvre avec un texte que la dessinatrice a écrit à chaud, sur le moment. Une explication courte et condensée contextualise chaque dessin. Je ne suis pas très au courant, voire pas du tout, de la politique tunisienne, mais les dessins étant très explicites, je suis l’actualité. Je ne peux m’empêcher de remarquer une apparition des barbus en date du 26 juin 2011, même si ces dames font la ronde en leur absence, cela signifie qu’ils sont bien présents.
L’humour grinçant, la dérision, la causticité, font de ces dessins un cours d’histoire condensé très compréhensif et instructif sur l’état de la Tunisie. De temps à autre apparaissent des dessins plus tendres.
La disparition de Willis signifierait que la Tunisie est devenue démocratique, que tout va mieux dans le meilleur des mondes un monde un peu meilleur. Quoique je pense que Nadia Khiari trouvera toujours un boulot pour Willis, les dessinateurs ont toujours quelque chose à nous dire, à épingler.
Nadia Khiari, je vous admire et vous applaudis, faites attention et prenez soin de vous, vous nous êtes très précieuse. Votre journal de bord des dix dernières années montre une Tunisie qui s’effondre, se perd, tombe dans le chaos barbu. Pourtant, vous gardez espoir et luttez pour garder le peu de liberté qu’il vous reste et la liberté de crééer.
Quand je pense à la Tunisie de Bourguiba où les femmes n’étaient plus voilées, où elle pouvait sortir seule, vivre libre ou à peu près, je trouve que, vu de l’extérieur et de loin, il y a un grand recul.
Merci Catherine de m’avoir fait découvrir cette dessinatrice de talent et merci à vous de publier, malgré les risques que cela vous fait courir, des livres de cette envergure.
Un dessin en dit beaucoup plus qu’un long article.
Un gros coup de cœur
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