"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une bande dessinée très intéressante dans la description de l'ambiance de l'Espagne au milieu des années 60 pendant la période franquiste. Je ne connaissais pas vraiment cette période de l'histoire ibérique et ce livre très bien documenté à susciter mon intérêt pour cette période.
Il s’agit de l’histoire de la condamnation à mort de deux militants antifranquistes accusés à tort d’un attentat.
Cependant le format de la BD, l’agencement, la longueur et la multitude des dialogues et des dessins ne rendent pas la lecture facile ….
Je n’ai donc pas trop apprécié cet ouvrage à cause de la forme alors que l’histoire est très intéressante, très détaillée et argumentée. Un cahier à la fin nous donne plus de renseignements et de détails concernant ces événements.
Pour conclure, un ouvrage recherché, très intéressant mais pas très facile d’accès.
Cet album a initialement été édité en langue espagnole puis a été traduit par Vanessa Capieu pour la publication française. Il est l’œuvre de Mikel Begoña pour les textes et de Iñaket pour l’illustration. Tous deux sont nés à Bilbao et approchent de la cinquantaine. Il s’agit là, de leur deuxième ouvrage commun. Leur premier album intitulé « Tristes Cendres », date de 2011. Il relate la vie du grand reporter-photographe Robert Capa qui par son travail a valorisé le rôle des républicains pendant la guerre civile espagnole.
Nos deux auteurs poursuivent leur travail de présentation de l’histoire contemporaine et agitée de leur pays, en s’attaquant cette fois, à l’Espagne franquiste et ses 130 000 disparus, ses 180 000 exilés, ses 400 000 prisonniers, et aussi ses 60 000 personnes exécutées. Ils s’attachent particulièrement au sort de Francisco Granado et Joaquín Delgado, deux anarchistes exilés en France, accusés d’avoir perpétré un attentat qu’ils n’auraient pas commis.
Les auteurs nous décrivent l’Espagne franquiste, dictature soutenue par l’armée, la Phalange (parti nationaliste et fasciste) en y amalgamant, avec beaucoup de talent, des personnages fictifs et historiques. C’est en revenant sur ces tristes évènements de leur histoire nationale, qu’ils en profitent pour dénoncer les injustices et les exactions auxquelles conduisent inévitablement les régimes totalitaires.
Les vignettes sont toutes dessinées au trait noir et nimbées d’un fond de couleur tantôt bleuté, sépia, cuivre, kaki ou ocre, couleurs que Iñaket attribuent à différents groupes de personnages : le bleu pour les militaires, le jaune pour les anarchistes … Par ailleurs, une analogie peut être trouvée entre cette forme d’illustration et les premières images de la télévision des années soixante.
Le fil de la narration est extrêmement construit et élaboré. Il demande au lecteur de s’accrocher, voire même de relire souvent les pages qui précèdent et de s’astreindre, en plus, à de multiples allers-retours dans l’album. De nombreux indices sont présents pour éclairer la compréhension, toutefois, encore faut-il les déceler ou en saisir la complexité. J’en veux pour exemple, l’intrusion de ce Monsieur météo, Mariano Medina, qui au travers de ses prévisions dévoile les intentions inavouées de certains protagonistes et décrit le climat ambiant. Le dossier, en fin d’ouvrage, qui récapitule les forces en présence, inventorie les personnages et décline les repères chronologiques, est des plus utile pour parfaire la réflexion.
Ce livre est le résultat d’un énorme travail de la part des deux auteurs !
Énorme travail documentaire tout d’abord : cette bande dessinée raconte comment deux espagnols appartenant à un mouvement de résistance sont capturés puis condamnés par le régime franquiste. Ne vous inquiétez pas, ce résumé ne gâchera la découverte du livre : L’intérêt repose non pas sur cette capture, mais sur le voyage dans le temps que l’on fait. Les auteurs montrent ici ce que pouvait être la vie en Espagne en 1963.
Énorme travail de narration ensuite : au-delà de ces recherches, il faut souligner l’ingéniosité avec laquelle l’histoire est menée. Le découpage en chapitre prend le lecteur à contre-pied, tant il paraît anarchique au début de la lecture. Les auteurs jouent également avec les codes de la bande dessinée, et notamment avec la mise en abime. Ils s’autorisent aussi des libertés en insérant des éléments fictionnels qui se détachent de l’histoire. Le Bec des corbeaux n’est donc pas seulement un récit historique, mais un véritable parti pris qui rend le lecteur actif.
Énorme travail graphique enfin : l’originalité de la narration est bien mise en valeur par le dessin. Le jeu des couleurs (qui rappelle la sérigraphie), les découpages variés et originaux, l’encrage souple et énergique,... tout est au service de la narration.
Deux regrets néanmoins. Tout d’abord, la connaissance historique parfois nécessaire. Il arrive parfois de s’interroger : « Si je me sens perdu, est-ce la volonté des auteurs, ou à cause de ma mauvaise connaissance de l’Histoire espagnole ? ». Heureusement, un dossier très bien documenté accompagne l’ouvrage. Avant de vous lancer, lisez donc l’introduction (à la fin du livre) !
Second regret, le lettrage informatique qui m’a souvent gêné dans la lecture du livre.
Pour résumer, une bande dessinée exigeante, mais véritablement originale et intelligente ! A découvrir !
Le bec des corbeaux est une bande dessinée exigeante, difficile d'accès, différente, étonnante, qui m'a pas mal déroutée dès le début, impression qui ne s'est hélas pas estompée tout au long de ma lecture. Le sujet est pourtant intéressant : la BD porte sur un épisode douloureux de l'histoire de l'Espagne : la mise à mort de deux jeunes militants antifranquistes, Francisco Granado et Joaquin Delgado, le 17 août 1963. Le bec des corbeaux entend réhabiliter ces deux anarchistes, accusés à tort d'un attentat, torturés et condamnés à mort dans une parodie de procès.
Mikel Begoña, le scénariste et Iñaket, le dessinateur, ont déjà travaillé ensemble sur Tristes cendres, album ayant pour personnage principal le célèbre photographe Capa. Avec le bec des corbeaux, ils choisissent de découper leur histoire en cinq chapitres avec (heureusement !) un dossier à la fin de l'album qui permet d'approfondir les faits évoqués par la BD. Ici, le lecteur est immergé dans un récit complexe, aux multiples détails qui fourmillent. Au lecteur de les assembler, selon tel ou tel indice, pour se frayer un chemin vers la lumière. Tâche difficile.
Le premier chapitre, « escargots de sortie » présente plusieurs personnages, sans liens apparents entre eux : Francisco, Avelino, surveillant au musée du Prado, et surtout Mariano Medina, célèbre monsieur météo de la télévision de l'époque, celui qui sera en quelque sorte le narrateur, bien qu'il ne soit pas d'accord ! Dès le début, les péripéties sont présentées « à la connaissance de l'attentif lecteur » et attentif, il faut l'être ici, tant l'histoire n'est pas facile à comprendre... Surtout que des êtres surnaturels, rôdant autour de la statue de Goya, s'immiscent dans le récit : ce sont trois sorcières, « sœurs fatidiques » qui vont intervenir à plusieurs reprises dans le récit pour sauver les futurs condamnés. L'histoire mêle donc éléments réels, étayés par le solide dossier et d'autres éléments renvoyant à la culture de l'Espagne qui rendent le tout un peu confus.
Le lecteur, en poursuivant sa lecture, assiste aux divers évènements menant à l'arrestation des deux protagonistes. Il doit croiser les pistes que le narrateur météorologue présente en évoquant les différentes organisations politiques de l'époque, dont la fameuse DI, Défense Intérieure, à tendance anarchiste, auquel appartient Francisco Granado et Joaquin Delgado. Il assiste aussi au procès, tronqué, qui verra les corbeaux triompher et la sentence tomber : la peine de mort par garrotage...
Cette BD m'a demandée beaucoup d'efforts. Vraiment pas évident à lire, même si, en relisant certaines planches très travaillées, j'apprécie les dessins ainsi que les couleurs, différentes selon que l'on suit tel ou tel personnage. Ainsi, les deux activistes Francisco et Joaquin sont représentés avec des couleurs jaunes, tandis que leurs ennemis, les partisans de Franco sont systématiquement éclairés par du bleu et du gris, voire du noir lors du procès. Ces couleurs apportent de l'énergie à l'ensemble mais j'ai eu tout de même du mal à suivre le fil de l'histoire. L'entrée de multiples personnages au sein de l'intrigue perturbe quand même pas mal la narration et même s'ils sont présentés dans le dossier final, j'ai eu du mal à les reconnaître tant peu d'éléments viennent cadrer leur entrée dans le récit. Après une première lecture, fastidieuse, mes autres tentatives d'adhérer au propos ne m'ont pas permis d'inverser ce point de vue : BD intéressante mais exigeante et difficile d'accès.
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