La lauréate du Prix Orange du Livre en Afrique 2023 présente Ambatomanga, le silence et la douleur en France.
La lauréate du Prix Orange du Livre en Afrique 2023 présente Ambatomanga, le silence et la douleur en France.
Avec "Ambatomanga, le silence et la douleur", la romancière malgache signe un roman magistral
Le choix du jury s'est porté sur le roman "Ambatomanga", publié par L'atelier des nomades
Grâce au Prix Orange du Livre en Afrique, j’ai pu plonger dans un pan de notre histoire laissé dans l’ombre. Volontairement ?
L’aventure coloniale, cette conquête obsédante de nouveaux territoires, a concerné l’île de Madagascar et Michèle Rakotoson a raison de rappeler tout cela dans Ambatomanga, le silence et la douleur. En tant que citoyen français, je ne ressors pas vraiment fier de cette lecture.
Un prologue permet à l’autrice de rendre hommage à Nenny, son arrière-grand-mère, qui a vu le départ de la reine Ranavalona III vers l’exil. Ceci, pourtant, n’est qu’un symbole à côté des milliers de vies sacrifiées par des dirigeants politiques et militaires avides de gloire et de profit sans se mettre en danger eux-mêmes, bien sûr !
Tavao, esclave capturé sur le continent africain, est la propriété de la famille d’Ingahy. C’est lui que je suis, partageant ses sentiments, ses doutes, ses espoirs mais aussi les horreurs qu’il découvre au fil de ces mois de l’année 1895.
L’autre principal protagoniste de l’histoire est un Breton, militaire au grade de lieutenant : Félicien Le Guen. C’est bien que Michèle Rakotoson suive aussi cet homme, dévoilant ses doutes, ses regrets sans occulter son devoir d’obéissance à des supérieurs afin de combattre pour la grandeur d’un pays qui n’hésite pas à aller massacrer les habitants de contrées lointaines en sacrifiant d’abord des hommes recrutés dans d’autres colonies d’Afrique ou d’Asie.
Cela correspond sûrement à la réalité mais l’autrice parsème son récit de prières en malgache, traduites bien sûr en français. Avec cela, elle montre bien l’absurdité de ces colonisations menées avec des pasteurs anglicans d’abord, catholiques ensuite pour tenter d’éradiquer les croyances ancestrales basées sur le respect de la nature.
Fin du XIXe siècle, l’esclavage est encore bien vivace à Madagascar. Tavao doit cultiver la terre, nourrir la famille de son maître et même porter cet homme respectable qui avait tout de suite changé son nom, lors de l’achat...
Les Anglais ayant accepté de se retirer de Madagascar au profit de la France, marché sûrement bien négocié, l’armée débarque en force. Maladies, moustiques causent des dégâts considérables mais le nombre et l’armement supérieur ne laissent guère de chance aux Malgaches qui sont, hélas, divisés. Comme souvent, les collabos existent et affaiblissent la résistance qui se berce d’illusions et rêve de belles victoires pour refouler l’envahisseur à la mer.
D’étape en étape, Michèle Rakotoson me fait bien ressentir tout le drame vécu par les Malgaches. Elle présente bien son île, me fait découvrir sa capitale, Antananarivo et une nature qui peut être généreuse ou radicalement hostile.
Avec l’inutilité des cantiques, l’autrice démontre bien l’imbécilité de ces envahisseurs qui ne respectent rien. La scène de la mise à mort du boa est à la fois révoltante et significative d’un obscurantisme qui se trouve bien du côté de ceux qui pensent apporter la civilisation…
Ambatomanga, le silence et la colère, méritait d’être mis en valeur et le Prix Orange du Livre en Afrique 2023, par Lecteurs.com l’a très justement fait.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/01/michele-rakotoson-ambatomanga-le-silence-et-la-colere.html
J aimerais beaucoup découvrir son histoire ,et découvrir Madagascar, ses traditions ,le tout ,l histoire de son peuple ,j ai une amie qui est originaire de là-bas, elle me raconte un peu ,son passé, la huerre ,la colonisation mais j aimerais vraiment le lire j ai encore des choses à découvrir,
Mémoires de la Grande Île
Un grand merci à Lecteurs.com et aux éditions Ateliers des nomades pour cette découverte éditoriale mémorable.
Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant :
https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/lecteurscomlu-et-approuve-ambatomanga.html?m=1
Pour ma part,
J'ai lu avec un immense intérêt le roman Ambatomanga Le silence et la douleur de Michèle Rakotoson, qui raconte la conquête de Madagascar par la France en 1895 à travers le regard croisé de deux personnages : un soldat français, Félicien Le Guen et un esclave malgache, Tavao.
C’est un roman historique qui m’a appris beaucoup de choses sur cette période méconnue et tragique de l’histoire coloniale.
J’ai été touchée par le destin des deux protagonistes, qui sont confrontés à la violence, à la peur, à la mort, mais aussi à l’amour, à l’amitié, à la solidarité.
J’ai aimé le style de l’auteure, qui mêle poésie et réalisme, et qui fait vivre les paysages, les sons, les odeurs de Madagascar.
Le récit se déroule au XIXe siècle et pourtant certains passages font étrangement échos à nos jours:
« La vie était de plus en plus difficile voir insupportable : pénurie de toutes sortes, augmentation des prix de la nourriture, insécurité de plus en plus grande. Dans les villes, les gens se barricadaient, et dans les campagnes, ils dormaient dans les champs pour ne pas se faire trucider chez eux dans leur maison par les bandits de grands chemins. Vers qui se tourner ? »
Mention très spéciale : le roman est basé sur des faits historiques et s'inspire de témoignages réels. Il est également enrichi de paroles et de cantiques en langue originale, suivis bien sûr de la traduction française.
J’ai trouvé le roman captivant, émouvant et critique. Il montre les conséquences désastreuses de la colonisation sur le peuple malgache, qui perd sa souveraineté, sa culture, son identité.
Il dénonce aussi l’absurdité de la colonisation :
"Madagascar était un rêve fou : traverser les océans pour combattre des indigènes, dont certains avaient encore des mœurs barbares. Et porter un bel uniforme pour honorer la patrie."
+À lire : Je conseille ce roman historique à toutes celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire de Madagascar et à la question coloniale. Ce livre fait réfléchir et rend hommage à la résistance du peuple malgache, d’hier et d’aujourd’hui qui demeure, je cite : "Un peuple confronté au silence de Dieu, un peuple qui avait appris à se taire et à fuir, et qui se sentait seul au monde."
Comme on la connaît mal, l'histoire de cette Île Rouge… “La douleur prend souvent la forme d’un silence, à Madagascar.” Pour briser le silence, pour ébrécher la douleur, pour raconter l’histoire de son peuple, Michèle Rakotoson fait s’élever deux voix dans ce roman douloureux. Celle d’un lieutenant français et celle d’un jeune esclave malgache, deux garçons embourbés dans l’absurdité de la guerre coloniale de la fin du XIXe siècle. Il faut du courage et de la patience pour raconter un tel traumatisme qu’on ne peut que lamentablement déplorer.
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