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Michel Dunand est un voyageur, et ses voyages, il les conjugue avec l’écriture. Point de récit de voyage couleur locale dans ce petit recueil, mais plutôt des instantanés de vie, des fulgurances et des images. Il y a surtout le regard que le poète pose sur toute chose, loin des cartes postales.
« C’est un quartier
En escalier
Le Tage, aux yeux
D’azur, y dort
Au bas des rues. »
Il faut se laisser surprendre, comme le poète lui-même, au détour d’une rue, dans une ville comme Venise, Rome, Istanbul ou encore Jérusalem.
« On croire faire un voyage. On en fait un autre. »
Le poète relie les lieux à leur histoire, à l’art. Ainsi le musée Chagall à Nice :
« On voit des toits vagabonder dans un ciel peuplé d’amants, de prophètes. Il ne tient qu’à nous de leur ressembler. Nous avons des ailes… »
Le voyage, parfois, peut-être détesté, à l’image de certains voyageurs qui l’on précédé :
« Aden, j’aime. Et puis je déteste. Assurément, je ne suis pas le seul. N’est-il pas vrai, Rimbaud, Nizan ? »
Le voyageur poète sait nous parler d’un ailleurs, parfois très loin, avec ses différences, et il possède cette vélocité à saisir l’instant ou la lumière. Et tout cela dans une prose de plein air, sans la moindre affèterie. Ces voyages intimes, tous ces émerveillements, ces petites joies, il sait les partager avec nous.
« Vent de neige à courber le dos de la forêt. Je nage en moi. »
Ecrire sur le monde, ou bien le monde qui s’écrit…
« Le ciel m’invite à sa table et nous parlons de poésie. Mais la mer est vraiment l’écrivain que je préfère. Il lui suffit du soleil pour tout dire en un éclair. »
Christian Bobin a écrit : J'attends d'un poème qu'il me tranche la gorge et me ressuscite. C'est très exactement ce pour quoi je lis de la poésie. Pas toujours réjouissante, je dois bien l'avouer. Peut-être suis-je une lectrice difficile. Exigeante, je préfère !
C'est délicat d'écrire une critique imposée, délicat parce que même si vous avez été déçu, cette fois-ci, pas d'omission, il faudra le dire. L'écrire.
Mais, ô miracle, ô merci Masse Critique, Babelio, et bien sûr Monsieur Dunand, je me suis régalée à déguster ce recueil.
Déguster, c'est le terme, j'ai lu, puis relu à voix haute, fait tourner les phrases sept fois dans ma bouche, peut-être plus, j'en ai gardé le goût des orients de Michel Dunand, et des miens aussi. C'était doux, brillant, parfois cocasse, parfois touchant, mais toujours juste.
Tout est voyage. Laid ou beau. Chaque objet. Chaque couleur. le voyage est dans le regard que vous portez. Chaque mot de ce recueil le rappelle, le crie. L'art est présent, ici, n'importe où. On parle de peinture, de littérature... On les retrouve partout, dans nos gestes du quotidien, dans la couleur d'un matin.
L'écriture est maîtrisé, c'est très beau, c'est mélodieux.
J'ai voyagé à dos de mots, il a bien fallu descendre. Mais j'irai à nouveau glisser mon nez entre les pages d'un recueil de Michel Dunant, très bientôt.
Gorge tranchée.
Ressuscitée.
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